L’ancien Premier ministre de Macky Sall estime qu’il est temps de préparer le post Covid-19. Selon lui, la crise sanitaire est toujours présente, au Sénégal et dans le reste du monde. Mais il soutient que quelque puisse être sa nature, vivre une crise impose de se préparer à en sortir, aussi à en tirer les leçons pour définitivement s’en protéger ou ne la revivre qu’avec moins d’intensité si d’aventure elle devait de nouveau survenir. C’est également cela le progrès, d’après Abdoul Mbaye qui souligne qu’il est aujourd’hui urgent de démarrer la réflexion sur un «plan de déconfinement» et de remise en route des activités bloquées ou réduites par le plan de lutte contre le Covid-19. Cette réflexion, d’après lui, ne doit pas être limitée à un cercle de ministres concernés et encore moins à un Président s’étant attribués tous les pouvoirs.
«Elle ne doit pas exclure les représentants du peuple et de la société civile, et donc en premier lieu leurs députés. Elle doit associer étroitement les professionnels de la santé notamment les virologues et épidémiologistes, aussi les spécialistes en santé publique», écrit-il sur sa page facebook. «Sans que cela ne puisse exclure une démarche de prudence, il me semble important d’être attentif au très faible taux de létalité aujourd’hui constaté dans nos contextes ; notre structure socio-démographique plus que notre environnement sanitaire y est pour beaucoup. Aussi de substituer à un système de prévention dévastateur pour l’économie, un dispositif plus souple par la nature des mesures le composant sans rien enlever à leur caractère contraignant», poursuit-il.
Abdoul Mbaye affirme que le principe mis en application ailleurs doit être appliqué. Il repose sur le triptyque « protéger, tester, isoler » à savoir protéger par la poursuite et le maintien du port du masque, et autres gestes barrières, tester au maximum, isoler les seuls malades chez eux, en réceptif dédié ou en milieu hospitalier selon la gravité des cas et enfin faire de nouveau fonctionner l’économie et le système éducatif.
D’après lui, de nombreuses leçons restent à tirer de cette crise. Et àl l’en croire, les réponses à leur donner reposent sur des choix politiques, des conceptions du développement et donc des programmes de parti définissant le prioritaire et l’accessoire dans notre pays. Il rappelle que dans un courrier adressé au Président de la République le 9 avril dernier, il attirait l’attention sur la nécessité de très vite définir des politiques publiques et plans de relance portant avant tout sur l’agriculture céréalière et le tourisme intérieur. Il appelait aussi à une démarche inclusive en invitant l’État à se « montrer attentif à toutes suggestions de reprise et de relance d’activité venant des secteurs et des acteurs. », à « aider à la conception de plans sous-sectoriels de reprise d’activité. »
Dans la logique du programme économique de l’ACT il proposait de « rechercher de manière systématique le maximum de plus-value locale comme condition d’apport de l’aide de l’État. » Enfin le fondateur de l’ACT indique que «les terribles faiblesses» du système de santé du Sénégal mises à nue devront être corrigées pour partie dans l’urgence mais aussi dans le temps long que nécessitent la formation de personnels soignants et notamment de médecins, le tout dans une démarche de cohérence territoriale afin de corriger les inégalités spatiales de la politique sanitaire.
«Prévenir et contrôler la propagation du Covid-19 a conduit les États à prendre avec plus ou moins de célérité plusieurs mesures allant toutes contre le transfert du virus d’un porteur malade à un porteur sain, et à la prise en charge des malades, notamment les plus gravement atteints. Les mesures pour combattre l’expansion du mal se sont standardisées à l’échelle mondiale. Le port de masques, la distanciation sociale, les tests massifs et l’isolement des malades ont été mis en œuvre avec plus ou moins de célérité et d’efficacité selon les pays», poursuit-il, ajoutant que le caractère pandémique de la crise sanitaire a laissé au Sénégal (d’autres pays ayant été atteints avant le nôtre) la possibilité de s’inspirer de la pratique mise en œuvre sous d’autres latitudes pour se protéger contre l’arrivée et l’expansion de l’épidémie. «Une démarche identique doit prévaloir pour amorcer une sortie de la crise sanitaire, également devenue crise économique et sociale», dit-il.