Toutes les énergies positives ici réunies montrent à quel point la problématique majeure de l’emploi et l’insertion socio-professionnelle des jeunes constitue une priorité élevée pour nous tous, acteurs étatiques et non étatiques.
Les 450 milliards au moins sur trois ans serviront à financer le Programme d’urgence pour l’emploi et l’insertion socio- économique des jeunes, XËYU NDAW ÑI, qui sera issu de ce Conseil Présidentiel.
Il s’agit de faire un diagnostic honnête de la situation de l’emploi, de l’employabilité et de l’entreprenariat des jeunes pour en dresser un tableau d’ensemble. Nous voulons mesurer nos acquis, identifier nos contraintes et corriger nos insuffisances pour améliorer nos performances. En somme, il s’agit, ensemble, de réfléchir, de dialoguer et d’interroger nos pratiques afin de convenir de nouvelles dynamiques pour faire plus et mieux. Voilà la finalité de ce Conseil présidentiel.
Les préoccupations des jeunes pour l’emploi et la création d’activités génératrices de revenus ont toujours été au cœur des priorités que j’ai assignées aux structures et mécanismes de soutien à l’encadrement et au financement des jeunes et des femmes, notamment : le Fonds de Financement de la Formation Professionnelle et Technique (le 3FPT), auquel sont versées les ressources tirées de la Contribution Forfaitaire à la Charge de l’Employeur, soit plus de 20 milliards de fcfa par an pour soutenir la formation aux métiers ; l’Agence nationale pour l’Emploi des Jeunes : ANPEJ ;la Délégation générale à l’Entreprenariat rapide des Femmes et des Jeunes : DER/FJ ; le Fonds national de la Microfinance; le Programme Formation École-Entreprise; les Centres de Formation professionnelle et technique, en raison d’un Centre au moins dans chaque Département, et dont 15 vont démarrer cette année; le Programme sénégalais pour l’Entreprenariat des Jeunes; le Programme des Domaines Agricoles Communautaires : PRODAC ;l’Agence nationale d’Insertion et de Développement agricole : ANIDA ; enfin, la Convention Etat-Employeurs, dont le champ d’action sera élargi à la filière de l’agriculture et de l’agro business, afin de soutenir nos efforts d’autosuffisance alimentaire et de transformation des produits locaux. A l’épreuve du temps, l’un des objectifs de ce Conseil c’est de voir comment améliorer la cohérence d’ensemble de toutes ces structures par une meilleure mutualisation de leurs moyens.
Ces efforts, combinés à l’investissement privé, ont permis de maintenir toutes ces années le taux de croissance économique du Sénégal à plus de 6% et de créer en moyenne 150 000 emplois par an. Je parle de taux de croissance parce que c’est un indicateur de la vitalité économique d’un pays. Sans activité économique soutenue, il ne peut y avoir ni croissance, ni création d’emplois. En outre, nous avons formé des milliers de jeunes grâce au 3FPT, mis à niveau plus de 500 entreprises, encadré et financé à travers la DER/FJ, plus de 105 000 jeunes et femmes porteurs de projets dans l’artisanat, la pêche, l’agriculture, l’élevage, la transformation de produits locaux et le numérique, entre autres. Il reste que ces efforts, si appréciables soient-ils, connaissent des limites.
D’abord, parce que l’Etat ne peut pas recruter tous les candidats à l’emploi dans la fonction publique. Ensuite, alors que notre économie était l’une des plus robustes du continent, avec une perspective de croissance à deux chiffres, grâce à l’exploitation future de nos ressources gazières et pétrolières, nous avons été brutalement rattrapés par la crise engendrée par la pandémie COVID-19.Tout le système productif est sévèrement impacté, y compris le secteur informel qui mobilise 75% de la population active. C’est le monde entier qui est en crise. Toutes les économies sont freinées depuis un an, y compris celles des pays les plus développés. Mais ceux en développement sont encore plus durement impactés. Ce qui signifie autant d’activités au ralenti ou à l’arrêt ; autant de travailleurs qui ne perçoivent plus l’intégralité de leur salaire; autant d’emplois menacés ou perdus.
Pour la première fois depuis 25 ans, l’Afrique est en récession, à l’exception de quelques rares pays comme le Sénégal, dont le taux de croissance, qui était projeté à 6,8% pour 2020, a cependant drastiquement chuté à 1,5%. Enfin, nous devons aussi faire face à la structure démographique de notre pays. C’est un défi majeur que nous ne pouvons pas occulter. 76% de notre population est composée de jeunes de moins de 35 ans, avec, comme conséquence l’arrivée, chaque année, de centaines de milliers de jeunes sur le marché du travail.
On parle souvent de dividende démographique en misant sur la jeunesse de la population. Mais pour tirer avantage du dividende démographique, il faut d’abord réaliser deux conditions préalables au moins : d’une part, maîtriser le croît démographique, et, d’autre part, assurer une éducation et une formation qualifiantes, qui correspondent aux besoins du marché. C’est ce qui favorise l’employabilité des demandeurs d’emploi, en particulier les jeunes diplômés.
C’est pourquoi nous avons opté pour le renforcement des filières scientifiques et l’orientation de 30% des élèves issus du cycle fondamental vers l’enseignement professionnel, à travers les CFPT et la formation duale école-entreprise. J’encourage vivement le secteur privé à soutenir davantage la formation duale école-entreprise, pour donner aux jeunes la chance du débutant et les aider à mieux se préparer à la vie professionnelle. Le monde réel n’est pas toujours tel qu’on le perçoit à l’école. Un cours dans un établissement d’enseignement est une accumulation de connaissances, certes méritoire. Mais un stage en milieu professionnel est une leçon de vie indispensable.
.Mais je veux surtout que vous compreniez que quelles que soient les difficultés, quelles que soient les circonstances, l’Etat ne vous abandonnera pas. Je reste plus que jamais déterminé à poursuivre le combat. Je serai toujours à vos côtés, à la recherche de solutions à vos problèmes. Le gouvernement restera mobilisé et l’Etat mettra les moyens qu’il faut pour relever le défi.