Grand entretien avec Lamine Sow, un promoteur agricole spécial, par ailleurs PDG de la société Logistique Service Transport- L.S.T SARL

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Quelle culture voulez-vous promouvoir et qu’est ce qui la justifie?

Lamine Sow: Depuis des années je suis la politique de l’Etat dans le domaine de l’agriculture dont la finalité c’est d’une part l’autosuffisance alimentaire dans des spécifications traditionnelles ciblées et de l’autre l’atteinte de la souveraineté alimentaire et de la sécurité alimentaires.

Natif du Walo où nous disposons de la terre, de l’eau et du soleil, je ne pouvais naturellement pas comprendre pourquoi l’état peine à réaliser ces objectifs, pourtant à sa portée.

En m’investissant pleinement dans la collecte, le traitement et l’exploitation des graines d’arachide, j’ai découvert en parcourant le pays de long en large des niches d’opportunités extraordinaires :

1-La qualité de nos sols et la disponibilité des populations rurales encore attachées au travail de la terre

2-la chaine de valeurs qui structure la filière arachidière porteuse à la fois d’une forte croissance et d’intenses emplois.

Je me suis alors dit que  ce  qui manque c’est la bonne compréhension et la traduction des textes relatifs à l’impulsion du développement économique et social des collectivités locales.

Ceci m’a permis de me rapprocher des autorités locales et des structures d’encadrement au niveau départemental et communal pour maximaliser mes chances de réussite.

Qui vous a inspiré dans cette démarche ?

Lamine Sow : D’abord mon maitre à penser feu Djibo Ka qui nous conseillait de toujours bien aimer le projet que nous voulons réaliser ou qui nous est confié pour ne pas connaitre la déception au bout du compte.

Ensuite l’ingénieur président Macky Sall qui a placé l’agriculture dans les priorités du Plan Sénégal Emergent.

En partenariat avec la commune de Diama, j’ai initié cet ambitieux projet de la culture de l’arachide irriguée dans la vallée du fleuve Sénégal.

 Quelles sont les communes que traverse le projet ?

 Lamine Sow: En plus de la commune de DIAMA, les collectivités rurales de ROSS-BETHIO, MBANE, RONKH, GNITH ET BOKHOL ont accueilli cet ambitieux projet et se sont engagées à y prendre activement part.

L’énorme potentialité que renferme cette spéculation dans la vallée grâce à un climat propice, à l’accessibilité à l’eau et à la présence de terres disponibles dans le DIERI pourrait à terme régler en partie la lancinante problématique de l’emploi des jeunes dans la zone. L’objectif général de la coopérative est de promouvoir le développement de la culture de l’arachide irriguée dans la vallée du fleuve Sénégal 

 Expliquez-nous davantage votre démarche pour l’adhésion des populations rurales à votre projet ?

Lamine Sow : Vous savez pour ces genres de projet, il faut convaincre tout d’abord les adhérents qui sont à la fois les premiers acteurs et bénéficiaires. Aussi avons-nous pensé mettre sur pied, après une longue période de séances d’informations, une coopérative agricole chargée de promouvoir le développement de la culture de l’arachide irriguée dans la vallée du fleuve Sénégal. 

 Le 22 novembre 2020 elle est fondée lors d’une assemblée générale qui s’est tenue à la délégation de la SAED de Ross-Béthio dans le département de DAGANA. Elle est donc l’aboutissement d’un long processus d’échanges et de discussions entre les initiateurs d’une part ; et d’autre part avec l’ensemble des potentiels concernés, les exploitations familiales, les propriétaires de terre principalement et les collectivités locales, notamment les communes de Ronkh, Diama, Ross Béthio, Gnith, Bokhol, Bane.

De façon spécifique, elle vise selon nos statuts à :

 • regrouper au sein d’une organisation les exploitations familiales de taille modeste et tous les exploitants agricoles voulant diversifier leur culture dans le Walo avec l’arachide en contre saison

 • aménager une cuvette agricole au profit de l’arachide irriguée ;

 • produire et commercialiser de l’arachide irriguée en mode intensif ;

 • mettre en place une chaine de valeur de la production et de la transformation de l’arachide irriguée ;

  • mettre en place un centre d’incubation par l’apprentissage au sein des exploitations agricoles pour le renforcement de leur capacité.

Combien d’adhérents déjà à sa création ?

Lamine Sow:  A ce jour, la coopérative a reçu plus de 300 adhérents exploitants agricoles, étant dans les dispositions d’entamer la culture irriguée de l’arachide dès la contre saison 2021-2022.

Nous comptons atteindre 20 000 membres dans les prochains mois. Ce qui va constituer près du tiers des 65 000 emplois promis par le Chef de l’état cette année.

Il faut noter qu’à l’issue de l’assemblée générale constitutive, la coopérative a été organisée en conseil d’administration composé de 12 membres et en conseil de surveillance de 5 membres.

Quelles les facilités d’accès à la terre obtenues et celles en perspective ?

Lamine Sow: Les collectivités locales ont pris l’engagement d’accompagner la coopérative par la mise à disposition de terres et de toutes autres facilités permettant de développer rapidement la coopérative. Dès cette année, la coopérative pourrait exploiter 1000 hectares dont les 600 sont déjà aménagés. Ces terres sont soit des attributions privées, de la commune ou de la communauté. L’état des lieux des terres potentiellement utilisables pour ce projet est estimé à 20.000 hectares.

Quelles sont vos estimations en termes d’investissements et de coûts ?

Lamine Sow : Pour la première année d’exploitation, il est prévu d’emblaver 1000 hectares d’arachide irriguée. Le coût initial de ce plan de développement est estimé à près de 1.6 milliards de francs CFA. Ce coût permettra de financer les travaux d’aménagement des terres, l’acquisition d’équipement agricole, la construction d’hangar de stockage et le financement de la campagne de production et de commercialisation. Le projet va, sans conteste, augmenter les possibilités agricoles des exploitations familiales, avec des rendements attendus de 3 à 4 tonnes par hectares pour 5 millions de FCFA de revenus en moyenne pour des surfaces moyennes de 4 hectares par exploitants.

Avec le conseil présidentiel dédié à l’employabilité, à l’emploi et l’insertion socio-économique des jeunes, qu’attendez-vous de l’Etat et des structures de financements ?

Lamine Sow : Notre projet est là et peut être immédiatement accompagné par la DER /FEMMES ET JEUNES. Il peut servir de projet pilote pour l’insertion des jeunes du Walo. Nous sommes structurés et savons travailler avec méthode et organisation. La question de l’employabilité est donc tranchée avec nous. En plus, nous disposons   d’un business Plan.

Le président Macky Sall a tout à gagner en misant sur des jeunes comme nous très attachés au travail de la terre et prêts à servir d’exemples pour tout le pays.

Que vous inspire la situation du travail dans le monde actuel ?

Lamine Sow : Vous voyez que l’Espagne est frappée de plein fouet par la crise, au point qu’un mouvement inverse s’opère : les espagnols quittent leur pays pour chercher de l’emploi au Maroc et ailleurs.  Donc faisons attention pour rendre notre écosystème agricole plus favorable à l’emploi de nos jeunes, dès à présent.

 Propos recueillis par Papa Mody Sow journaliste consultant

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