Lors d’une interview accordée à “La Voix de l’Amérique” (VOA) Abdoulaye Diatta, pêcheur et fils de pêcheur à Yoff Tonghor, affirme : « Mon grand-père me racontait que de la plage, ’on pouvait voir du poisson en abondance, …les pirogues n’avaient pas besoin d’aller loin, encore moins de passer des nuits en mer». Mais ça, c’était avant ! La belle époque où les filets des pêcheurs se remplissaient sans trop d’efforts!
Selon Alexandre-Reza Kokabi de Reporterre (le quotidien de l’écologie) aujourd’hui, 600 000 pêcheurs soit plus de 17% de la population active, 20 000 pirogues artisanales et quelque 160 navires industriels, écument les 718 km de côtes du Sénégal à la recherche de la précieuse ressource halieutique.
Le «Programme régional de renforcement de la collecte des données statistiques des pêches dans les États membres et de création d’une base de données régionales» de l’UEMOA, a permis au Sénégal de réaliser en 2014, l’enquête-cadre de la pêche artisanale maritime. De ce document, il ressort qu’à l’échelle sous régionale, le Sénégal qui compte 72% du parc piroguier des pays de l’UEMOA, avec un taux de motorisation de 85%, s’impose en leader. En 2016, la pêche artisanale débarquait 397 871 tonnes de poissons contre 89 564 pour la pêche industrielle pour une valeur globale estimée à 180 milliards FCfa, selon les statistiques de l’Agence Sénégalaise de la Statistique et de la Démographie (ANSD) dans son rapport « Situation économique et sociale du Sénégal en 2016 ».
Les pêcheurs de ce pays d’Afrique de l’Ouest, concentrés principalement dans les régions de Thiès (40%), Saint-Louis (22%) et Dakar (15%), pratiquent aujourd’hui une pêche artisanale de plus en plus tournée vers la productivité, avec une propension pour l’exportation. Aussi les ressources démersales côtières comprenant principalement les crustacés (crevette côtière, langouste, crabe, et la plupart des poissons dits nobles du Sénégal (sole, rouget, capitaine, mérou, dorade), des céphalopodes (poulpe, seiche) sont-elles particulièrement recherchées en raison de leur forte valeur marchande.
Les ressources pélagiques côtières (plus de 70 % des prises réalisées dans la Zone Économique Exclusive Sénégalaise) ne sont pas en reste parce que constituant-elles l’essentiel des captures de la pêche artisanale ainsi que la part la plus importante de la consommation annuelle per capita en poisson des populations sénégalaises.
La mise en place d’une politique de réduction des pertes post-capture à travers la mise en œuvre du programme froid, avec l’embarquement de glacières et autres dispositifs de conservation du produit, a permis à ces pêcheurs d’aller plus loin et plus longtemps, d’où l’explosion spectaculaire des débarquements de poissons constatés ces dernières décennies.
Source : Greenpeace