Le Sénégal a un grand retard à combler pour se développer.
Au Sénégal, la productivité industrielle est restée faible depuis 1975 et s’est constamment dégradée sur la période 1975-2011. Elle est passée d’environ 8 300 $ (constant de 2010) par travailleur en 1975 à 4 300 $ en 2011, soit une baisse de moitié au cours de cette période.
L’industrie a souffert de l’absence d’une politique claire, imputable en particulier à une connaissance insuffisante du secteur, de sa dynamique et de l’évolution des tendances sectorielles à l’échelon mondial (PSE).
Malgré cette tendance, la contribution de l’industrie à la productivité globale est restée positive sur la période 1980-2014. Mais les difficultés du secteur industriel, causées par le déplacement des travailleurs de ce secteur vers ceux moins productifs comme l’informel, ont fini par dégrader la part de la productivité globale expliquée par l’industrie.
Cependant, à la faveur des investissements et réformes dans les secteurs à fort effet d’entrainement inscrits dans le PSE, la productivité a repris une tendance à la hausse depuis 2013.
Pour aspirer à l’émergence du tissu industriel en 2035, le Sénégal devra multiplier par cinq (05) le niveau de productivité industrielle de 2015. En considérant le rythme récent de croissance de la productivité, le Sénégal devrait mettre 74 ans pour atteindre le niveau moyen des pays émergents et 53 années pour être au niveau du Maroc. Fort de ce constat, une grande prouesse pour le Sénégal serait donc de doubler son niveau de productivité actuelle dans les deux (02) prochaines décennies (pour au moins retrouver son niveau de 1975) quand on sait que la Corée du Sud, qui est une référence en termes de gain de productivité industrielle, n’a pu multiplier par cinq (05) son niveau de productivité qu’au bout d’un peu plus de quatre (4) décennies (42 ans exactement).
Par ailleurs, en considérant le rythme d’évolution actuelle de la productivité, le Sénégal doublera sa productivité dans 32 ans. Le niveau de productivité industrielle du Sénégal croitrait de 20% en 2023 et de 60% en 2035 (DP, 2018). Ainsi, le développement d’un tissu industriel compétitif et durable, gage d’une hausse soutenue de la productivité et de la création d’emplois productifs décents, appelle à certains préalables comme l’amélioration du climat des affaires.
Etant donné que les ressorts de la productivité se situent principalement dans l’entrepreneuriat privé, il s’agit de mettre en place les conditions nécessaires à son éclosion. Par conséquent, les facteurs suivants participent à une hausse de la productivité industrielle : la disponibilité des infrastructures énergétiques, routières, ferroviaires, portuaires et aéroportuaires ; la simplification des procédures administratives en matière d’accès à l’électricité et au foncier, d’obtention des permis de construire, de transfert de propriété, de justice commerciale et de fiscalité, l’appui à l’innovation technologique, la formation des ressources humaines et l’insertion dans les marchés régionaux, compte tenu des effets d’échelles.