Tournées du président Macky Sall : question de méthode

Contribution

Par Luc Sarr et El Hadj H. Kassé                                                                                   

L’observation participante est pour tout leader politique, par les dynamiques de formulation et d’évaluation in situ qu’elle porte, une source irremplaçable d’enseignements au bénéfice des populations, pour un développement économique et social inclusif et solidaire.

Lorsqu’il était dans l’opposition, Macky Sall s’est imposé une démarche à la fois inédite et novatrice. Inédite parce que rares ont été les hommes politiques qui ont développé à ce niveau le culte du terrain et de la proximité avec les populations. Pour rendre justice à l’histoire, on peut dire que les tournées économiques ne sont pas de son fait. On peut affirmer néanmoins qu’ils les a systématisées comme démarche constante. Novatrice, parce que ces tournées ont été articulées, systématiquement, avec une dimension institutionnelle dans la modalité propre des conseils présidentiels et ministériels délocalisés.

Plus fondamentalement, Macky Sall érige ces descentes régulières sur le terrain et le contact avec les populations comme l’expression concentrée de l’action politique. Plus, pour lui, c’est le cœur même de la politique dans sa pensée et sa pratique. Il sait, en effet, que si l’acteur politique, qui aspire à conquérir ou à conserver le pouvoir, est le maître de sa décision de s’engager, le peuple est, par excellence, la seule et unique source de légitimité. Il sait aussi que c’est au contact du terrain et de la liaison avec les populations que le contenu de la politique s’éclaire et s’élabore sous forme de doctrine, d’orientation, de projet et de programme. Il sait, en fin, que c’est de la connaissance du terrain et de ce que les gens pensent et veulent, que toute stratégie efficace et victorieuse se conçoit et se met en œuvre. Les dizaines de milliers de kilomètres qu’il a effectués à travers le pays et la diaspora, alors qu’il était dans l’opposition et pendant qu’il est au pouvoir, illustrent parfaitement ce parti pris hors les salons feutrés des élaborations conceptuelles séduisantes mais impuissantes à transformer la réalité. Un grand penseur politique posait la grave question que voici: d’où viennent les idées justes ? Certains considèrent qu’elles tombent du ciel, qu’elles naissent dans l’esprit des génies et les pages des livres. D’autres considèrent qu’elles naissent de la pratique et de la relation, formelle et de fond, avec les populations. Pour un homme politique, un homme d’Etat, c’est la source de  la connaissance, la source de la légitimité et la source de l’intime confiance qui encadrent l’action et lui confèrent l’efficacité maximale dans la résolution des problèmes. On ne fait pas le bonheur des populations à la place des populations. On peut dire que c’est une loi de la politique. Dans le cas du Président Sall, on peut remonter cette philosophie et cette méthode au temps où il était ministre dans les différents gouvernements de son prédécesseur. On se rappelle sa descente sur le terrain, alors qu’il était ministre de l’intérieur et des collectivités locales, pour accompagner les hommes et les femmes de tenue décidés à répandre la panique dans les rangs de ceux qui semaient alors l’insécurité.

Le projet Yoonu Yokkute, que Macky Sall a présenté aux Sénégalais en 2012, est le fruit de cette démarche de terrain et de proximité avec les populations. Ce que le Président a appelé alors le Nouvel Ordre de Priorité découle d’une expression réelle de besoins à la base, dans les villages et les quartiers, dans toutes les couches de la population. Au-delà des généralités sur l’émergence et le développement, Yonni Yokkute est un récapitulatif saisissant des aspirations et inspirations des jeunes, femmes, travailleurs manuels et intellectuels, ceux des villes et des campagnes. Il en est de même des programmes d’urgence et de toutes les politiques sociales qui sont en train de transformer progressivement le vécu quotidien des Sénégalais. Il en est également des programmes prévus à l’issue des Conseils des ministres décentralisés dont le bilan de la mise en œuvre est éloquent en termes de réalisations.

C’est dans cette méthode faite de terrain que réside le véritable secret des performances politiques du Chef de l’Etat et de sa majorité politique.

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