Par Papa Mody Sow journaliste consultant
Arrivé triomphalement au deuxième tour de l’élection présidentielle de 2012, à la tête d’une énorme coalition multicolore et multipolaire, le président Macky Sall semblait avoir négligé les questions idéologiques dans la gestion du pouvoir.
En mettant en œuvre son credo :”Le gouverner ensemble après avoir gagné ensemble”, le président, en voulant satisfaire ses alliés de taille, disons les plus grands actionnaires de son camp, a réussi une longévité, pour sa coalition, exceptionnelle en Afrique et dans le monde.
Mais cette belle gouvernance apparente qui avait emballé ou fagocité toute une génération entraînée dans la tourmente, manquait congénitalement d’un chaînon essentiel: celui idéologique. Car cette architecture gouvernementale n’a pas su concevoir et favoriser l’émergence d’une idéologie déterminante dans la mise en oeuvre du projet sociétal qu’est le yonu yokuté devenu le Plan Sénégal Emergent.
Les raisons de ce déficit sont certainement à chercher dans cette plateforme dont les piliers (l’Apr, le Ps et l’Afp) constituent une sorte de trépied. Il suffit qu’un pied soit fragilisé pour que tout le reste commence à vaciller. C’est la loi de l’équilibre à rétablir à chaque fois que de besoin.
Pour un jeu de stratégie de neutralisation réciproque sur fond d’intérêts personnels à protéger, les alliés mettaient de côté les idéologies au profit d’une cohésion très délicate à challenger.
Beaucoup de leaders comme Khalifa Sall, Malick Gakou, Alioune Badara Cissé, représentants de cette génération idéologiquement bien formée, ont été victimes de leur ambition en faveur d’une alternance générationnelle véritable.
C’est le moment d’y penser pour une bonne appropriation future des leviers de commande pour une alternance politique populaire qui refonde démocratiquement et idéologiquement la société sénégalaise traversée aujourd’hui par des courants de pensées des plus progressistes aux plus extrémistes.
Le courant de refondation porteur d’idées novatrices non violentes est en gestation et n’attend que le regroupement de ses leaders et véhicules de communication pour s’offrir comme une alternative crédible aux dérives violentes nées d’ égarements intellectuels et moraux, mais aussi de besogneuses manipulations politiciennes qui ont fini par aliéner le corpus politique de la société sénégalaise. Il est temps d’inverser la tendance par une analyse situationnelle qui tienne compte des enjeux géopolitiques majeurs de l’heure qui impactent les intelligences politiques
Papa Mody Sow journaliste consultant
Président du PEP