Etre piétons à Dakar, un danger de tout instant…J’ai tenté récemment l’expérience « piétonne » dans les artères du centre-ville de Dakar et aussi dans d’autres situées dans la banlieue. Ce fut infernal !!! Une gymnastique perpétuelle pour se faufiler entre les voitures, les marchands ambulants, les étales sur les trottoirs, les animaux en pleine ville…Un seul objectif éviter de se faire écraser et survivre à ce capharnaüm.
J’ai lancé un cri de cœur dans une publication à ce sujet sur les réseaux sociaux. En quelques heures, nombreux sont ceux qui nous ont partagé leur expérience et vécu au quotidien. En voilà quelques verbatims des commentaires des internautes. «On dirait que la chaussée est faite pour les piétons et le trottoir pour les voitures… n’importe quoi dans ce pays… Tu as parfaitement raison. Notre sécurité est en jeu »
« Franchement tu oses le dire, nous les dakarois, on est très fatigué voir même angoissé par ces phénomènes. Un ami m’a dit il va vendre sa maison et retourner en France car Dakar ne fait plus rêver et n’est ni agréable à vivre à cause de l’encombrement et salubrité »
« Nous sommes obligés de partager la chaussée avec les automobilistes, vu que les trottoirs sont envahis par des voitures stationnées, des marchands ambulants et d’autres occupations anarchiques… »
“Eyyyy wayyyy Cécile khana wa keur massar ngua. Ce qui se passe ici n’existe nulle part ailleurs je le jure. Matin, midi c’est infernal et le soir c’est mortel sans exagérer. La station de Keur Massar et ses alentours est un bordel excuses moi du terme utilisé mais y’a que comme ça que je peux le qualifier. Des étalages de tout genre (poissons, légumes, friperies, bazars pour ne citer que ceux-là). À tout moment de la journée et surtout sur les trottoirs, des voitures, des charrettes des motards qui manquent de justesse de heurter les piétons. Sans parler de la cacophonie des audios et des micros des animateurs qui sont plus fatigants même que les voitures. Keur Massar est le summum des désordres »
« Eh oui, c’est comme si vous avez entendu mon cri de cœur. Nous piétons qui allons au travail en empruntant l’axe Rond Point 6 jusqu’à la route de Rufisque, en passant par le Pont de Hann vers le service de visite technique pour les automobiles sous sommes plus que fatigués. On se faufile entre les voitures. Les automobilistes ne nous laissent même pas passer. Avec les travaux du TER à hauteur de la gendarmerie de Hann c’est la croix et la bannière. Ndeysanne au secours way »
La quasi inexistence de feux tricolores ou de de passages piétons exposent les piétons au risque d’accidents quand il leur faut traverser la chaussée ! En effet aux heures de pointe sur certains axes, on assiste à des situations anarchiques quand il n’y a pas un agent de police pour organiser la circulation. Dans cette jungle, règne la loi du plus fort. Les piétons sont les plus lésés et les accidents sont monnaie courante.
« Vous avez vu l’avenue Cheikh Anta Diop devant l’université ? Man fofou mom pour moi c’est le summum ! Un jour on descendait de garde avec une copine on a quitté Fann pour entrer à l’UCAD mais ils ont tellement occupé le trottoir qu’on a dû marcher sur la chaussée et malheureusement un car Ndiaga Ndiaye a heurté ma copine et ces mêmes vendeurs étaient là à nous regarder et à commenter ça s’est passé en 2010, et 9ans après c’est la même scène sur ce lieu rien ne change au contraire »
Je n’ose même pas imaginer l’enfer que vivent les personnes en situation d’handicap (mal-voyant, personnes à mobilité réduite…) et qui sont piétons à Dakar ! Cette ville n’est pas faite pour eux. Cette ville n’est pas pensée pour eux. Ils sont les grands oubliés de l’aménagement de Dakar. Une situation d’urgence à améliorer, pour assurer leur sécurité et maximiser leur confort pendant leur « expérience piéton » dans l’agglomération Dakaroise.
En plus de tous ces dangers, nous sommes impactés négativement par la pollution due à la fumée, chargée de micro particules extrêmement dangereuses pour les poumons qui émanent des pots d’échappement des vieilles carcasses de voitures roulant encore dans Dakar. On se demande d’ailleurs comment celles-ci obtiennent l’autorisation de circuler à l’issue de leur contrôle technique. Plus préoccupant encore, certaines roulent de surcroit avec du mauvais carburant. A titre d’exemple : la zone de Point E, lieu de concentration dense d’activités -bureaux, banques, restaurants, universités, cliniques- offre un spectacle désolant surtout en heure de pointe. Difficile de respirer dans une telle atmosphère et pourtant nous n’avons pas d’autres alternatives ! Sachant que cette pollution a un fort impact sur notre environnement, le problème de santé publique semble être saillant. Il se manifeste déjà avec l’augmentation de certaines pathologies.
Dans une ville comme Dakar où la population ne cesse de croître avec une part grandissante minée par le chômage et la précarité, nombreux sont, ceux qui s’improvisent revendeurs à la sauvette. Ils viennent grandir les rangs des ambulants déjà trop nombreux.
L’émergence n’est pas seulement des beaux bâtiments ou de nouvelles infrastructures modernes. La vie d’une cité s’organise ! Nous avons le devoir et l’obligation d’organiser la nôtre. Un de nos chantiers prioritaires informer, sensibiliser et conscientiser les populations sur les variables de la conscience citoyenne et du civisme. Nous gagnerions à faire de la citoyenneté un moteur de l’émergence, d’où l’urgence de l’instaurer dès le jeune âge et de la fertiliser chez toutes les franges de la population. Avec le boum démographique que connaitrons dans 20 ans, nous devrons faire face à de nombreux défis et enjeux économiques, sociaux et environnementaux de taille. La pollution de nos villes augmentera considérablement. Il y a urgence à penser les plans d’urbanisation de nos nouveaux pôles urbains dans une vision holistique en y intégrant davantage des concepts de smart city ou sensitive city pour un essor économique concomitant au bien-être des populations.
«Il faut oser le dire : ils ont “villagisé” ( excusez-moi du terme) Dakar. C’est tout sauf une ville ! Entre les vaches qui errent jusqu’au centre-ville, les charrettes, les gargotes sur les trottoirs, les marchands ambulants et ceux qui occupent les trottoirs et espaces publics, les garages mécaniques en plein air à tous les coins, etc… qu’on ne me dise pas que Dakar est une ville. Pas étonnant quand on a 80% de ceux qui y vivent sont analphabètes et n’ont aucune culture de la vie citadine. Hélas, il y’a du travail à faire ».
Nous, piétons à Dakar, exigeons de l‘organisation pour nous assurer de la sécurité. Nous voulons pouvoir marcher dans notre belle ville et dans sa banlieue sans avoir peur de nous faire écraser ou avoir à nous soucier des autres dangers dus à des trottoirs encombrés, des bouches d’égout béates ou des gravas abandonnées anarchiquement sur les trottoirs.
Chères autorités étatiques, chers maires des différentes communes de la région dakaroise, chères autres autorités en situation de faire quelque chose…
Rendez-nous nos trottoirs
Rendez-nous nos feux tricolores
Rendez-nous nos passages piétons
Marcher c’est bon pour la santé, nous voulons préserver la nôtre !!!
#Smartcity, #Urbanisation, #Planificationurbaine, #ODD11, #BienÊtre