La règle de Mundell (de l’économiste Ronert Mundell, Prix Nobel 1999) est une règle de politique économique qui stipule qu’il faut affecter chaque instrument à l’objectif pour lequel il est le plus approprié comparativement aux autres. Après la large victoire de Pastef aux législatives, la question est de savoir si Sonko serait plus utile comme Président de l’assemblée nationale ou comme Premier Ministre.
Présidence de l’assemblée nationale, un fauteuil confortable mais somnifère
Le président de l’assemblée nationale a des pouvoirs constitutionnels certainement plus importants qu’un premier ministre. D’ailleurs ce dernier qui peut être un fusible si l’exécutif est mal en point. À l’assemblée, Sonko pourrait s’ennuyer très vite compte tenu de son style qui consiste à toujours attaquer de front les problèmes. A l’assemblée il faut être très patient et apprendre à discuter toute une journée sur une seule phrase. Il le sait puisqu’il a été un brillant député.
Compte tenu des urgences économiques et sociales de l’heure, c’est le gouvernement qui est sur le front, qui cherche les fonds et qui travaille à fond pour régler les problèmes.
Primature, une station à la fois stratégique et fragile
Le premier ministre est le chef du gouvernement. Son charisme peut influer sur l’engagement des autres ministres à assurer une gestion efficace des secteurs qui leur sont confiés. Présentement, il n’est pas facile de trouver une personnalité aussi influente que Sonko pour imposer un rythme donné au gouvernement. Sa présence comme Premier Ministre est une bonne chose politiquement tant que tout va bien entre le Président de la république et lui.
Toutefois, ce poste de premier ministre n’est pas sans risque politique puisqu’il y a un principe appelé « triangle d’incompatibilité de Mundell » selon lequel un État ne peut pas, à la fois, maintenir un taux de change fixe (rester premier ministre avec le même degré d’exposition), assurer la libre circulation des capitaux (accepter la transhumance) et disposer d’une politique monétaire autonome (ne pas régulièrement magnifier publiquement la vision du chef de l’Etat).
En plus clair, si Sonko réussit à renoncer à un des trois objectifs, il sera plus utile à la primature qu’à l’assemblée. Il a un avantage comparatif pour la conduite du gouvernement et si l’on suit les prescriptions de Mundell, il doit rester Premier Ministre.
Pr Abou KANE
FASEG/UCAD