Le Sénégal connaît des difficultés de trésorerie des finances publiques. C’est du moins, l’avis de l’économiste et député Mamadou Lamine Diallo qui révèle que le Sénégal doit payer les échéances en devises des eurobonds par le biais de la Bceao où nos réserves de change sont au plus bas. D’après lui, il a fallu vider les fonds de caisse pour y arriver. «Sans prêt du FMI, c’est la déroute financière des deux Ba», dit-il.
Cependant, l’ancien Premier ministre Abdoul Mbaye, banquier de profession, affirme que la baisse des réserves de change du Sénégal ne l’empêche pas d’honorer ses échéances en devises. Selon lui, au nom de la solidarité interne à l’Union et au principe du pool commun des réserves des pays membres, le Sénégal pourra continuer de recourir aux réserves communes pour le respect de ses échéances. Par contre, d’après lui, celles de l’ensemble de l’Uemoa sont en train de baisser considérablement. «Il est donc important que les Etats membres les moins contributeurs en termes de réserves de change s’imposent une discipline et un réajustement. Le programme en préparation avec le FMI pour le Sénégal devrait y aider», souligne le fondateur de l’ACT, candidat déclaré à la présidentielle de février 2024. Puis, il ajoute : «Mais à mon avis, il ne sera pas suffisant pour compenser l’échec économique de Macky Sall et ses conséquences au plan du déficit de la balance des paiements courants de notre pays. Ce sera de toute façon un programme d’ajustement structurel. Moins de dépenses budgétaires, moins de subventions», prévient-il.
Les réserves de change sont des avoirs en devises et en or détenus par une banque centrale. Economiste et enseignant à l’Ucad, Mor Gassama explique que ce sont des moyens de règlement dont disposent les autorités monétaires d’un pays. Selon lui, ces réserves de change sont utilisées par un pays pour satisfaire ses besoins en devises destinées essentiellement à financer ses importations et à régler sa dette extérieure. «Il faudrait retenir qu’une forte appréciation du dollar entraîne une refonte des réserves. Ce qui a été le cas depuis au moins deux ans», indique Mor Gassama. D’ailleurs, il rappelle qu’en octobre 2022, le FMI avait alerté en exhortant les banques centrales à être prudentes et à préserver leurs ressources pour des turbulences potentiellement plus graves à l’avenir. En résumé, dit-il, une réserve réduit nos capacités à honorer le paiement de nos importations.