Partout dans le monde rural, la doléance est unanime, le sac d’engrais est introuvable et quand on le voit, il faut débourser 25 000 francs, d’après l’économiste Mamadou Lamine Diallo. Or, dit-il, c’est connu depuis longtemps, il suffit de broyer les phosphates de Matam pour obtenir de l’engrais. «Comment comprendre qu’on lance la production des phosphates de Matam et l’engrais est si cher pour les paysans à tel point que c’est l’angoisse partout? C’est un paradoxe», dit-il. Puis ila ajoute : «Il faut le marteler ; l’exploitation des mines doit avoir pour objectif la transformation industrielle locale. Sinon il faut laisser les ressources minérales aux générations futures».
Évidemment BBY n’est pas d’accord pour l’industrialisation du pays, d’après lui. A l’en croire, BBY pense qu’il lui suffit de construire des infrastructures confiées à des compagnies étrangères et financées par l’endettement. La contrepartie pour les prêteurs étrangers est de demander l’exploitation et l’exportation des ressources minières. Le deal est le partage de la rente minière entre les compagnies étrangères et les chefs politiques et accessoirement l’Etat, afin de lui permettre de faire face à une partie de la dette. Le résultat économique est forcément la montée des inégalités, 95% des familles dans la pauvreté et la précarité et 5% dans la classe moyenne, avec l’aide de la diaspora. «Voilà la différence de vision entre Macky Sall et moi-même. La pauvreté n’est pas une fatalité. Il suffit de passer à l’industrialisation par la transformation locale de nos ressources naturelles, en assurant l’autosuffisance alimentaire en riz, sucre et huile pour commencer », affirme le fondateur de Tekki.