Le gouvernement devrait mettre à profit la digitalisation pour contrôler les multinationales qui exploitent le pétrole, le gaz et les mines du pays. Expert consultant SAP, Ignace Ndiaye rappelle que nous avons déjà un écosystème, même s’il est encore faible. «Nous avons un data center, le mobile banking, la maîtrise de l’internet, etc», dit-il. «On doit pouvoir les contrôler pour savoir ce qu’elles font. Chaque jour, je fais du tracking. C’est ce que fais en Suisse. Donc, on doit tracer les sociétés de pétrole et de gaz. C’est une question de souveraineté», dit-il. «Nous avons les capacités de produire des programmes pour extraire leurs données. C’est possible parce qu’on le fait ailleurs. Pour parler de manière imagée, on donne les outils à l’administration pour travailler», indique Ignace Ndiaye.
SAP, développement de programmes d’analyse de système, en français, est utilisé par les multinationales notamment dans le domaine des ressources naturelles. Et d’après lui, il permet de contrôler les multinationales qui exploitent nos ressources.
«On parle d’impôts, ce système permettra d’élargir l’assiette fiscale. Pour ce faire, notre système doit pouvoir communiquer avec celui des multinationales», explique l’expert, ajoutant qu’il est inadmissible qu’une entreprise travaille au Sénégal sans qu’on puisse accéder à son système.
Mais, selon lui, il faudrait un cadre juridique pour permettre à l’administration fiscale d’accéder au système des multinationales. Ignace Ndiaye s’exprimait, hier, lors de la deuxième et dernière journée des Assises de l’entreprise consacrée au numérique, avec le Salon international des professionnels de l’économie numérique (Sipen), sous le thème: «L’accélération de la digitalisation, un puissant levier de compétitivité de l’économie sénégalaise et africaine».
Il s’agit de réfléchir sur les possibilités qui s’offrent au Sénégal avec l’exploitation du pétrole et du gaz. Car avec 13,4%, le taux de digitalisation de l’administration est encore très faible au Sénégal, selon Isidore Diouf, le directeur général de Senum. «Le problème c’est l’humain parce que la digitalisation réduit les pouvoirs des hommes, ce qu’ils ne veulent pas», affirme un autre expert.