Imaginons qu’une grande entreprise textile africaine souhaite construire une nouvelle usine dans un pays voisin dans le but de se doter d’une chaîne de production régionale. Elle se heurtera sans doute pendant des mois à une avalanche de paperasse fastidieuse pour obtenir les autorisations nécessaires et l’agrément indispensable aux investisseurs. Les restrictions sur les visas peuvent compliquer la venue de spécialistes pour former le personnel local, tandis que d’autres employés risquent même ne pas être autorisés à travailler parce que leurs diplômes professionnels ne sont pas reconnus. Et même une fois l’usine opérationnelle, les expéditions de ses produits se trouveront souvent retardées aux postes-frontières, en raison de formalités redondantes et d’innombrables inspections successives.
Ce ne sont là que quelques exemples des difficultés rencontrées par les entreprises qui cherchent à investir et à commercer dans un autre pays africain. Rien d’étonnant donc que les frontières sur ce continent soient parmi les plus restrictives au monde, ce qui explique la faiblesse relative des échanges et des investissements intra-africains.
Partout dans le monde, le commerce et les investissements ont été les principaux moteurs de la croissance des économies en développement et ont permis à des centaines de millions de personnes d’échapper à la pauvreté. Cependant, le fractionnement de son marché intérieur a empêché l’Afrique de s’inscrire pleinement dans ce mouvement. La finalité de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) est précisément de changer la donne. Pour la première fois, l’accord conclu entre 54 pays représentant une population totale de 1,3 milliard d’habitants et un PIB de 3 400 milliards de dollars devrait créer un marché unique à l’échelle du continent.
Source : Banque mondiale