Cet hivernage a été particulièrement difficile pour le Sénégal. Une bonne partie du pays été inondée, mais c’est au plan socio-économique que le pays été le plus durement touché. La crise sanitaire a eu des graves conséquences économiques. En effet, une enquête auprès de 1220 ménages du 03 juin au 19 juillet de l’Ansd montre que 85% des ménages ont subi une baisse de leurs revenus. «Les revenus qui se contractent le plus étant le revenu des entreprises familiales non agricoles et les transferts privés à l’endroit des ménages», indique le rapport qui révèle également que près de 8/10 ménages perçoivent une évolution négative de leur bien-être depuis la covid-19.
L’agence souligne aussi que durant cette période, parmi les chefs de ménages qui avaient un emploi avant la crise 36% ont arrêté de travailler dont 30% pour des motifs liés à la covid-19. En plus, un quart des ménages qui ont eu besoin de soins médicaux n’y ont pas eu accès, la principale raison évoquée étant le manque d’argent. Le rapport révèle aussi que six ménages sur dix ont essayé de s’approvisionner en produits alimentaires sans le pouvoir.
L’Ansd constate également «l’arrêt momentané d’activité» auprès de 27,4% des entreprises formelles et touche notamment les petites unités (30,9%). Le phénomène est plus ressenti dans les secteurs des hôtels, bars et restaurants (50,2%). Les professionnels de l’industrie touristique sénégalaise réunis autour de la Fédération des organisations patronales de l’industrie touristique (Fopits) évaluent leurs pertes à 350 milliards de francs.
Au plan industriel, la production des industries alimentaires s’est réduite de 10,6% au mois de juillet, comparativement à la même époque de 2019, la production des industries alimentaires a également reculé de -20,6%.
L’activité des industries mécaniques n’a pas été en reste, puisqu’elle s’est réduite de 9,7% en rythme mensuel. Cette évolution est en relation avec le repli de l’activité de fabrication d’autres ouvrages en métaux (-15,4%) et des produits de la sidérurgique (-1,8%). Sur un an, la production des industries mécaniques a fléchi de 21,5%. La production totale au cours des sept premiers mois de 2020 s’est repliée de 20,2%, d’après le rapport.
«Sur un mois, la production des industries chimiques s’est repliée de 5,6% sous l’effet principalement de la réduction de l’activité de fabrication de savons, détergents et produits d’entretien (-54,5%), du raffinage pétrolier (-18,6%) et des produits chimiques de base (-15,1%). En comparaison à celle de juillet 2019, l’activité de production des industries chimiques s’est aussi contractée de 11,7%», indique le rapport. Mais la crise est plus aiguë dans le domaine du textile où il est observé au mois de juillet, selon l’Ansd, un arrêt de la production des industries textiles et du cuir en liaison avec le cycle de production du coton.
Au mois d’août l’activité industrielle a été marquée par une baisse de 6,3% de la production. Au même moment, les exportations ont baissé de 11,8% avec un solde commercial qui s’est établi à -144,3 milliards de francs. Les transferts rapides d’argent n’ont pas diminué au Sénégal, malgré la pandémie et malgré les prévisions de la Banque mondiale et du FMI qui avaient prédit le contraire. La seule éclaircie dans cette grisaille a été la hausse des transferts rapide d’argent envoyés au Sénégal qui sont de l’ordre de 627,6 milliards sur les six premiers mois de 2020, en hausse de 7% par rapport à la même période de l’année précédente, à la faveur de la célébration de la fête de Korité.