L’économiste Khadim Bamba Diagne affirme le Sénégal a été du montage financier en ce qui a trait à l’exploitation de l’autoroute à péage DAKAR-AIBD. Il en exergue le déséquilibre considérable entre la subvention publique et le montant du financement privé.
En effet, le total d’investissement de cette autoroute tourne autour de 380 milliards. 83, 95 % du financement de ce projet soit 319,2 milliards ont été octroyés par l’État sénégalais (193,5 milliards) et les institutions publiques telles que la Banque Mondiale (52,5 milliards), l’AFD (40 milliards) et la BAD (33,2 milliards). Seuls les 61 milliards restants ont été subventionnés par la société Eiffage qui a d’ailleurs alloué en fonds propres que 20,8 milliards et levé sa contribution financière restante auprès de la BOAD (15milliards), l’IFC (13,4milliards), la BAD (6,8milliards) et la CBAO (5 milliards). Pourtant, avec une rentabilité de l’autoroute estimée à 140 milliards sur une période de dix ans, le gouvernement sénégalais n’a encaissé que 28 milliards.
De plus, une hausse des charges d’exploitation de la part de Eiffage a été notée. Celles-ci passent de 36, 652 à 56, 526 milliards. Aussi, sur les 143 750 milliards de chiffre d’affaires, les résultats courants avant impôts sont estimés à 10 milliards faisant ainsi gagner à l’État sénégalais que 3 milliards 200 M comme impôts sur le bénéfice. Pour Dr Khadim Bamba Diagne, cette gestion non optimale de l’État sénégalais est illustrative du manque de contrôle et d’efficience sur ses propres infrastructures.
Il appelle ainsi ce dernier à songer davantage à la mise en place de stratégies défensives et offensives afin de gagner plus et de dépenser moins dans l’exploitation de ses propres infrastructures et plus largement ses ressources. Celle-ci, souligne-t-il, devrait passer inéluctablement par l’inclusion des experts financiers dans ses projets afin qu’ils puissent donner des avis consultatifs ou mettre des entreprises de gestion qui auront l’initiation des dépenses de sorte que les recettes fiscales de l’État ne soient pas diminuées. Mais aussi, par un suivi et une continuité étatique qui devraient être permanents même lorsque l’alternance politique se produit.