Au Sénégal la création de nouveaux moteurs de croissance, avec la PSE, s’est accompagnée de l’émergence d’un nouveau moteur de la politique en la personne d’Ousmane Sonko, candidat de la coalition SonkoPresident2024. Les économistes ont, depuis les années 40, analysé la relation entre les institutions et l’économie même si c’est à partir des travaux de Williamson en 1975 qu’est née la nouvelle économie institutionnelle. Douglas North a suggéré qu’une distinction soit faite entre les institutions et les organisations. Les premières renvoient à des règles du jeu (normes) alors que les secondes s’identifient à leurs acteurs. Puisque le respect des règles dépend des acteurs politiques, la frontière est poreuse entre institutions et organisations.
Sonko est apparu comme un produit fatal au sens de la comptabilité nationale
Pour rappel, le Plan Sénégal Emergent (PSE) s’étend sur l’horizon 2014-2035.Un des objectifs en 2023 était de créer 4 nouveaux moteurs de croissance (agriculture , mines, tourisme et habitat) pour rompre avec la prépondérance des services qui créaient 70% des richesses; l’idée étant de diversifier l’économie. A l’heure du bilan, l’objectif de faire du tourisme un moteur de la croissance n’a pas été atteint même si au total 7 moteurs ont été identifiés du fait des activités tournant autour de l’exploitation du pétrole et du gaz.
Sonko est apparu comme un produit fatal au sens de la comptabilité nationale, c’est-à-dire un produit qui ne peut être dissocié du produit principal de la branche considérée. En effet il est un pur produit de l’administration sénégalaise (sorti de l’ENA) et a été radié l’année du lancement d’une réforme sur la modernisation du service public (en 2016). C’est cette réforme qui a abouti au programme d’appui à la modernisation de l’administration (PAMA) lancé en 2019. Le fait d’être un produit fatal au sens de la comptabilité nationale a-t-il été fatal pour Sonko ? L’avenir nous édifiera.
Son approche et ses méthodes ont suscité des débats, des mises au point « impératives » ou des démentis de la part de ministres, DG ou autres responsables; ce qui a permis aux sénégalais d’en savoir plus sur certains dossiers dont on n’aurait pas discuté si Sonko n’en avait pas parlé.
Nous le considérons comme le moteur de la politique au Sénégal puisque c’est lui qui a orienté le débat public ces dernières années, y compris celui sur le respect des institutions, la citoyenneté et le fameux « force restera à la loi » qui semble être mis à rude épreuve ces dernières semaines.
Pr Abou KANE
FASEG/UCAD
