Par Samuel Joseph. W. FAYE
Le jour d’après, l’humanité victorieuse se réveillera et fera le deuil de ceux qui sont tombés. Elle aura trouvé dans son intelligence collective les règles de discipline, de bienveillance, de dépassement et de partage qui seront venues à bout de ce morbide visiteur. La lutte acharnée et victorieuse du personnel sanitaire et des chercheurs sera exaltée.
Parce que le système mondialisé aura plié le genou, le constat unanime de la faiblesse de nos équilibres et de notre désarmement face aux catastrophes imprévues se fera. L’urgence sera de corriger les erreurs passées pour éviter une autre catastrophe et un effondrement définitif.
Dans des démocraties renouvelées, la force de l’Etat résidera dans son aptitude à anticiper, à décider et à faire respecter ses décisions. Le nouveau contrat social reposera sur un état plus prospectif, plus adossé à ses réalités culturelles et plus fort tout en restant démocratique.
L’éducation sera un pilier central de cette nouvelle société parce que la crise aura révélé que les nations disciplinées et rigoureuses sont plus aptes à agir efficacement et à éviter le pire. L’éducation au savoir-être sera renforcée pour consolider une allégeance citoyenne plus forte plaçant l’adhésion aux valeurs républicaines, au sommet de la chaîne des multiples adhésions. Cette éducation, devenue un terrain fécond d’innovations inédites deviendra un secteur prioritaire d’investissements et de recherche pour continuer à construire une société meilleure.
Le travail sera bouleversé, la crise aura fait prendre conscience de l’utilité de certains métiers peu valorisés et pourtant vitaux. Ces derniers seront revalorisés. La technologie également sera mieux utilisée pour mieux allier travail, autonomie et équilibre. Le nouveau management devra s’adapter à ces nouvelles exigences pour éviter le confinement des travailleurs dans un environnement déshumanisé avec des exigences de rendement toujours croissantes.
La voix des sentinelles de l’écologie alertant sur les effets et méfaits de l’industrialisation outrancière sur la santé de notre planète sera devenue audible car les hommes sauront mieux mesurer leur faiblesse dérisoire face aux forces de la nature. Les crises sont des leçons. Celle-ci nous enseigne l’humilité et nous évitera, tel Icare volant trop prêt du soleil, de nous brûler les ailes et d’entraîner dans notre chute les générations à venir. Une grande porte sera ouverte aux innovations sociétales pour éviter d’épuiser notre terre mère.
La société de consommation, société de gaspillage laissera la place à une véritable société d’économie découvrant et mesurant la valeur de chaque bien.
Le multilatéralisme fragilisé par les replis nationalistes et par la crise aura tout de même survécu grâce à la coopération médicale internationale et à la solidarité manifestée par les pays victorieux face à la pandémie à l’endroit des autres nations. Ce multilatéralisme d’après crise devra se réinventer et promouvoir de nouveaux équilibres.
Enfin, l’humain sera placé au cœur de ce vaste chantier à la fois sanitaire, économique, environnemental, climatique, sociétal…… Tout sera à reconstruire autour de l’essentiel en gardant à l’esprit que dans un village toute case qui brûle est une menace pour tous. Ainsi, un autre regard sera porté sur le lien nous unissant et nos interdépendances et relations reprendront un sens nouveau. En effet, « les moments de rupture du sens, qu’on nomme « crises » peuvent donner un sens nouveau à ce qui semble l’avoir perdu » Stéphanie Bonvicini et Jacques Attali.
Le jour d’après, ceux qui se réveilleront auront la possibilité de construire un monde meilleur.