L’agence de notation Moody’s a pris la décision de dégrader la note souveraine du Sénégal au motif que le moratoire sur la dette des pays les plus pauvres, confrontés aux conséquences économiques de la Covid-19, enclenché par la Banque mondiale avec le soutien du G20 et des Nations unies, risque d’augmenter des pertes pour les créanciers privés. Mais le département des affaires économiques et sociales des Nations unies a aussitôt contesté la position de Moody’s rapporte le Financial Times, cité par plusieurs médiats dont Le Point. Pour les analystes des Nations unies, le programme « devrait améliorer la soutenabilité de la dette des pays et ne devrait donc pas servir de base à des dégradations de crédit ». Ce même département a ajouté que « les pays emprunteurs devraient sortir du programme avec un crédit plus fort que s’ils n’y avaient pas participé ».
Mais Moody’s persiste à travers Matt Robinson, responsable de l’équipe Moyen-Orient et Afrique du groupe de risque souverain: «Il ne serait pas approprié, dans ce contexte, d’attribuer la perspective stable habituelle à la notation», a-t-il dit à nos confrères du Financial Times, cité par Le Point. «Nous devons reconnaître qu’il existe un risque», a-t-il insisté.
Le Point souligne que les États, en particulier ceux du continent, ont toujours eu à l’esprit cette possibilité de voir leur note dégradée à la suite des négociations. Il faut savoir que, en cas de dégradation de leur note, ces pays devront payer plus cher pour emprunter.
D’où la méfiance de certains gouvernements qui ne veulent pas être stigmatisés. En effet, d’après le journal, les risques sont énormes lorsqu’un État négocie avec des prêteurs privés, avertit l’agence de notation américaine. Si un pays veut souscrire au moratoire, mais qu’il est dans une situation déjà fragile et endetté auprès du secteur privé, alors la question du risque de défaut se pose avec acuité. Moody’s avait dès l’annonce du moratoire publié une note dans laquelle elle avertit que « l’allègement de la dette bénéficiera aux pays à bas revenu, mais soulève la possibilité d’un défaut de paiement vis-à-vis du secteur privé ». Le Sénégal s’est engagé à rembourser les créanciers privés plutôt que de leur demander de renégocier.