«Le constat est amer et peu honorable pour notre pays le Sénégal qui, en dépit de ses dignes filles et fils, ses ressources, ses potentiels, son héritage culturel et cultuel, demeure, des années après son accession à son indépendance, parmi les pays pauvres et très endettés. Des décennies se sont écoulées mais le Sénégal n’est toujours pas le pays dont nous avions toujours rêvé. Force est de reconnaître que notre pays n’est pas encore à la hauteur de son potentiel. Depuis lors, nous n’avons pas réussi à régler les problèmes liés aux soins de maternité, à l’accès aux structures d’accouchement, à la santé mère enfant, bref à la modernisation de notre système de santé.
Depuis lors, nous n’avons pas réussi à relever les défis de l’accès universel des enfants à l’école, ceux de l’alphabétisation, de la scolarisation, de l’accessibilité des structures scolaires en milieu rural, de l’adaptation du curriculum et des modules académiques à nos réalités et besoins, de l’excellence de l’école publique avec toutes les facilités et qualités requises pour permettre à n’importe quel ménage, quel que soit le niveau de sa bourse, de faire bénéficier à ses enfants la possibilité de disposer d’enseignement de qualité.
Depuis lors, nous n’avons pas réussi à trouver les mécanismes intelligents pour capter, organiser et offrir des opportunités à toutes ces ressources humaines qui ne parviennent pas à réussir dans le circuit académique ou qui choisissent d’autres voies aussi honorables.
Depuis lors, nous peinons à maintenir notre enseignement supérieur dans l’excellence de la recherche et de l’innovation, à renforcer la protection sociale de nos vaillants enseignants et à dissiper l’anxiété permanente de l’étudiant sénégalais entre le marteau de la précarité de ses conditions d’étude et l’enclume de la réalité du chômage.
Depuis lors, nous n’avons pas réussi à asseoir un secteur privé fort et dynamique qui saura tirer large profit des opportunités et du potentiel du Sénégal et de l’Afrique, de gagner le pari de la transformation structurelle de notre économie et d’avoir des industries sénégalaises en nombre suffisant qui seront sur toute la chaine de développement du pays afin de faire du secteur secondaire un véritable moteur de croissance économique.
Depuis lors, nous n’avons pas réussi l’aménagement correct de notre territoire national, le développement des territoires de l’intérieur, une efficience politique de décentralisation, d’abréger l’inégalité entre les territoires.
Depuis lors, nous n’avons pas réussi à relever le défi de l’accès correct et universel à l’eau potable, à l’électricité, au réseau internet, à gagner le pari de la sécurité alimentaire, de la modernisation de l’agriculture et de l’élevage, de la restructuration de notre modèle économique dominé par le tertiaire où nous avons peu de compatriotes champions.
Depuis lors, en dépit de nos multiples événements électoraux, nous n’avons toujours pas réussi à instaurer au Sénégal une véritable démocratie qui donne l’opportunité à chaque citoyen qui le désire de participer à tout type de rendez-vous électoral sans être inquiété.
Depuis lors, nous n’avons pas réussi à disposer de contre-pouvoirs forts détachés de l’exécutif, avec une Assemblée nationale jouissant de ses pleins pouvoirs dont celui de contrôle de l’action gouvernementale, avec une justice indépendante et impartiale, et d’une liberté réelle de la presse leur donnant la possibilité de s’exprimer librement sans pour autant être poursuivie. »