Les résultats provisoires des élections législatives du 30 juillet 2017 issus de la commission nationale de recensement des votes inspirent à chaud dix enseignements.
Enseignement n° 1 : Benno Bokk Yaakar frôlerait les 50% avec une majorité confortable de 125 députés sur les 165 possibles. Si le score reste en deçà de 50%, cela pourrait raviver l’opposition qui semblera ignorer que les voix des 46 autres listes ne sont pas à verser dans l’escarcelle d’une opposition au Président Macky Sall qui certainement a une aura plus importante que sa coalition.
Enseignement n° 2 : La coalition Gagnante Manko Wattu Sénégal avec 16% de l’électorat confirme le déclin du PDS et de ses alliés naturels que sont Bokk Guiss Guis et Tekki qui totalisaient en addition en 2012 près de 25% de l’électorat des législatives.
Le retour du Président Wade avec les 19 députés obtenus a permis d’atténuer la perte de vitesse irréversible du PDS. Le Président Wade a réussi l’objectif politique caché qui était de passer devant la coalition dirigée par Khalifa Sall pour se venger du forcing de dernière minute de ceux qui voulaient mettre le PDS aux ordres du Maire de Dakar.
Après ce défi de la quête du leadership de l’opposition, se posera pour le PDS l’équation de la candidature présidentielle de 2019 dont les règles dont d’une évidence certaine.
Enseignement n° 3 : Manko Taxawu Sénégal avec les amis de Khalifa plus le Rewmi, Bess du Gnakk, FSD/BJ et le grand parti vient derrière Wade avec un score de moins de 13%. Le principal enseignement à tirer de cette déconvenue est que la mayonnaise victimisation n’a pas prise d’où la déception énorme des 7 députés obtenus.
Pour mieux analyser l’ampleur de la défaite de cette coalition, il faut se souvenir qu’en 2012, Bess du Gnakk avait eu un peu moins de 6% de l’électorat des législatives avec à la clef 4 députés. La dernière démarche unilatérale des amis de Khalifa vers le Président Wade aura à coup sûr des conséquences sur Manko Taxawu dont les leaders ont chacun une ambition présidentielle avérée.
Enseignement n° 4 : Le PUR sans tenir un discours guerrier a réussi à avoir 3 députés. La performance de cette formation politique est aussi à rechercher dans une organisation souple et efficace. PUR n’est pas à notre avis dans les formes d’opposition crypto personnelle hachée. Ce parti n’a rien à perdre à aller dans une démarche constructive de sursaut national. Elle aura tout à perdre à vouloir ressembler à une forme d’opposition belliqueuse.
Enseignement n° 5 : La cinquième place de la coalition dirigée par Abdoulaye Baldé est à souligner avec ses plus de 65 000 voix et ses deux députés obtenus sans recours au plus fort reste. Baldé a du mérite.
C’est lui le cinquième et non Sonko comme le rapportent certains. L’avenir de Baldé à notre humble avis devrait être plus proche de Benno Bokk Yaakaar en raison du fairplay charmant de l’ancien ministre des forces armées qui tranche avec les discours à l’emporte-pièces.
Enseignement n° 6 : Les trois battantes que sont Aida Mbodj, Aissata Tall Sall et Sokhna Dieng Mbacké sont repêchées et doivent enfin prendre des décisions claires sur leur avenir politique. Vus leurs scores, elles doivent clairement choisir un camp en direction de la présidentielle de 2019. Benno Bokk Yaakaar pourrait être un cadre d’expression de la vraie valeur de ces braves dames à qui il faut tirer un chapeau (ou un foulard).
Enseignement n° 7 : Fada, Gadio, Guirassy, Ibrahima Abou Ngueth et Monteil ne doivent pas rester dans des égos. Ils ont leur mot à dire dans Benno Bokk Yaakaar. Les scores qu’ils ont réalisés ne constituent pas des tremplins présidentiables à court terme.
Ils doivent dépasser le dictat d’une certaine opinion qui parle de transhumance à tout bout de champs alors que l’heure est comme en France sous Macron à l’union pour construire au-delà des chapelles politiques.
Enseignement n° 8 : Ousmane Sonko que certains présentent comme la coqueluche politique des deux dernières années est élu au plus fort reste. Ce n’est pas extraordinaire. Les gens oublient qu’il était en coalition avec le MRDS d’Imam Mbaye Niang qui en 2012 avait eu deux députés avec un score de 3,60% représentants en nombre de voix le double de ce qui a élu en 2017 le leader du Pastef. En clair, le fait d’avoir été repêché doit donner plus d’humilité à moins de deux ans de la présidentielle.
Enseignement n° 9 : Les autres grosses pointures non élus doivent savoir raison garder et oublier les egos surdimensionnés. Ils doivent aller vers les grands ensembles pour bâtir à court et moyen terme.
Enseignement n° 10 : Pour une victoire du Président Macky Sall au premier tour, il faudra éviter les formes d’arrogance et surtout continuer les réalisations dans une cadence plus soutenue.
Le bilan est globalement bon et il faudra finir les chantiers en cours tout en ayant une stratégie d’explication intelligente. Il faudra de suite une machine électorale au sein de l’APR et de BBY pour garantir une victoire au premier tour en 2019.
Pour finir, ce court message à l’endroit de ceux qui sapent les bases de la nation.
« Notre ciment englobe en un même amour nos ethnies, nos croyances et nos terroirs. Les digues faites de ce ciment d’amour ne doivent pas céder sous la poussée de la haine boulimique et irresponsable. La diversité est beauté.
Elle n’est pas une scie fracturant notre commun vouloir de vie commune. Il n’y a pas “l’autre” au Sénégal. Il n’y a que plusieurs “moi-même” en UNE belle et riche diversité. C’est pourquoi nous devons enrayer de suite le discours et l’allusion néfastes visant à faire céder les digues de LA NATION SCÈNE ÉGALE »
Mamadou NDIONE, Conseiller départemental à Mbour
Responsable politique APR DIASS