Ousmane GUEYE, Habitant du « Daande maayo »
Au nom de tous les miens, je dénonce la passivité, l’inaction des autorités et l’absence de solidarité nationale face à la catastrophe que vivent les populations du Nord et de l’Est( les régions de Kédougou, Tambacounda, Matam et Saint louis).
On appelle « daande maayo », toute cette bande qui borde les deux rives du fleuve Sénégal.
De Matam, on parle de « daande maayo » Nord et de celui du Sud.
La terre aurait-elle été retournée, le désastre allait être meilleur ?
J’entends les larmes dissimulées du père de famille, incapable de protéger sa progéniture semblable à une poule et sa couvée contre les menaces de l’épervier.
Un goorgorlou qui doit vivre au quotidien. Je vois les cris des enfants qui réclament le petit déjeuner, le goûter. Insouciants, ils pataugent, naïfs dans les eaux, un jeu d’enfant.
Je les vois réclamer comme si rien n’était leurs droits à leurs parents.
L’enfance et son innocence
J’entends les soupirs de la mère de famille appelée à assumer et à assurer toutes les tâches quotidiennes comme à l’accoutumé. Sans répit, elle doit protéger, nourrir, laver et répondre à tous les besoins sempiternels.
J’entends les sanglots de la fille nubile devant le miroir et le répertoire de son téléphone.
Un projet en effritement loin des activités d’Octobre Rose. !
J’entends la jeunesse du Daande maayo privée de loisirs, obligée à veiller chaque soir pour protéger sa famille.
L’insomnie gagne la vie de ces habitants appelés à souffrir au quotidien et condamnés à subir l’angoisse.
J’entends de l’intérieur, les malades grabataires abandonnés à leur sort, les handicapés errants, inconscients et les lamentations des vieillards. C’est un dérèglement total dans la société. Même nos morts dans leurs tombent sont envahis. Et triste est le sort d’une dépouille en errance faute de lieu d’inhumation et loin d’une morgue ! Les cas de décès par noyade ont commencé.
J’entends se multiplier les dépenses quotidiennes sur le dos des émigrés qui, de loin suivent incapables, avec les réalités de l’étranger, le sort de leurs familles.
Des chaines de solidarité commencent à voir le jour.
Pas de nouvelles, bonnes nouvelles dit- on mais avec la coupure des réseaux sociaux, de l’électricité, mauvaises nouvelles. La zone vit dans les ténèbres.
J’entends toutes les activités cesser, l’école non fonctionnelle.
Les élèves errent, plus préoccupés par les affres de la vie que pour l’acquisition du savoir.
J’entends la pénible mobilité des gens et du bétail.
Une rentrée bouleversée partout dans les régions du Nord et de l’Est.
Les structures sanitaires sont fermées pendant que s’ouvrent partout les fosses septiques.
Les maladies guettent les populations.
J’entends le cri des populations qui réclament de l’eau potable.
J’entends les cris des animaux en détresse. Les champs sont envahis, tous les objets secondaires noyés. Certaines habitations se sont effondrées, emportant tout ce qui est meubles. Les cultures en maturation s’inclinent piteusement parce que asphyxiées.
Parlez de la politique, pendant que l’eau du ciel et de la terre noient le « daande maayo » !
Chacun vit sa peine. Avec ce tableau noir, l’avenir proche devient préoccupant. Qui, pour sauver le Nord et le Sud du Sénégal ? Les autorités sont passées mais sans effets se lamentent les sinistrés. Les attentes sont nombreuses. 2050 c’est aujourd’hui et son lot de problèmes à gérer. Un document provisoire indigeste qui est de loin à la portée des familles affamées et désemparées. Que de projets dans l’eau dans le Projet ! On ne mange pas rêve
Il faut tout reprendre, tout refaire et surtout gérer la sécurité et protéger les habitants contre les moustiques et les reptiles.
Il n’existe qu’un seul Sénégal, une seule Nation. Si l’on perd le Nord et le Sud, on détruit la cohésion nationale, l’unité du pays. On ne peut pas vivre éternellement de politique jusqu’à devenir insensible et indiffèrent aux souffrances d’une partie du peuple en détresse.
Le sourire peut être rétabli si dans chaque acte, l’on extrait la dose politique.
Si également les décisions du présent ne soient conditionnées par les faits du passé.
A quelques jours du démarrage de la campagne électorale pour les législatives, l’urgence de ces populations est loin des urnes.