Dr Massirin SAVANE, Administrateur du FADSR sur l’approvisionnement en engrais: «Pas de péril en la demeure»

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Les paysans redoutent une pénurie d’engrais. Comment  s’explique ce manque si l’on sait que le Sénégal est un grand pays producteur ?


Il y’a effectivement, durant cette campagne, des difficultés conjoncturelles d’accès des producteurs aux engrais pour plusieurs raisons ; il y a une baisse de disponibilité de l’engrais au niveau mondial associée aux contraintes de fret et par conséquent un renchérissement des coûts d’importation des intrants sur le marché de l’ordre de 30 à 40%. Les opérateurs importateurs se sont alors tournés vers les Industries Chimiques du Sénégal (ICS) qui depuis juin ont produit près de 40 000 T d’engrais entièrement mises en place à travers le territoire national.

Ce qui fait qu’à la date d’aujourd’hui, 26 août 2021, nous sommes à près de 80% de mise en place des engrais pour l’arachide et 60% pour le maïs, le mil et le sorgho ; pour les urées le tonnage tourne autour de 40% mais avec une possibilité de continuer jusqu’en mi-septembre. Comparativement à la campagne précédente, à la même date, les tonnages mis en place étaient respectivement de 92, 86 et 76%.

Si on remarque que pour cette campagne, l’hivernage s’est installé un peu tardivement, nous pouvons dire qu’il n’y a pas péril en la demeure.

Cependant, stratégiquement, je pense que l’Etat doit avoir une meilleure emprise sur la production et la distribution des engrais. N’oublions jamais que c’est grâce à l’agriculture que le Sénégal a évité la récession en 2020.

On est à mi-parcours de l’hivernage, comment se porte la saison?
Sur le plan pluviométrique, par rapport à la normale 1991/2020, la situation est normale sur la majeure partie du pays avec des excédents sur l’axe Podor-Matam et le nord-ouest  et des déficits sur le sud-ouest du pays. Les cultures se comportement bien dans les champs visités par le Ministre et ses techniciens actuellement sur le terrain.

Les financements promis par l’Etat ont-ils été donnés
Absolument, je précise que ces financements sont à appréhender au niveau des subventions sur le matériel agricole et sur les intrants mais aussi au niveau des crédits facilités par les différentes structures étatiques. Vous avez vu le matériel agricole être distribué pour une meilleure mécanisation de notre agriculture.

Pour le crédit, à titre d’illustration, le Fonds d’Appui au Développement du Secteur Rural (FADSR) vient d’accorder et de remettre plus de 300 millions de crédit aux petits producteurs pour faciliter leurs accès aux intrants nécessaires aux cultures hivernales ; il faut ajouter à cela les crédits accordés à la transformation et à la commercialisation des produits agricoles et halieutiques et à l’horticulture mais aussi les ressources mises à la disposition des éleveurs ; tous ces financements se sont faits via les Structures Financières Décentralisées (SFD)

Les prix des denrées ont connu une hausse. Est-ce que la prochaine production agricole pourra aider à une baisse des prix?

Etant donné que nous n’avons pas encore atteint la souveraineté alimentaire, la structure des prix ne peut pas dépendre de la seule production locale en denrées ; je viens de vous parler des coûts de frets entre autres. Cela doit nous pousser à maintenir le cap, en considérant les gaps comme des opportunités de progrès et atteindre notre autosuffisance alimentaire.

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