La tenue des élections locales en janvier, comme le souhaite le pouvoir, aura des conséquences sur l’exécution des budgets des collectivités territoriales. Pire, elle risque d’entraîner un blocage de leur fonctionnement.
Samedi dernier, lors de sa rentrée politique, Khalifa Sall, l’ancien maire de la Ville de Dakar, a mis en garde le pouvoir contre les conséquences budgétaires qui découleraient du report des élections territoriales et départementales. Président de la Commission Etudes et Planification de la ville de Pikine, Guy Silva Thiam ne dit pas le contraire.
Dans un entretien accordé à WalfQuotidien, affirme que les conséquences sont d’abord d’ordre économiques et budgétaires. «Le budget est, en principe, voté à la fin de l’année, parce qu’il y a les contraintes liées à l’exécution du Pacasen. Tous les budgets doivent être votés avant le 31 décembre afin de ne pas perdre les financements liés au Pacasen», souligne cet ancien responsable du Parti socialiste (Ps). Puis il ajoute : «Ensuite, il y va du respect de certains engagements notamment liés aux contrats ou aux contrats annuels renouvelés».
Guy Silva Thiam affirme que si on tient les élections locales en janvier 2022, il va s’en dire que du mois d’octobre à décembre, les mairies ne feront que des paiements d’ordre prioritaires, c’est-à-dire les salaires, les dépenses de premier rang, parce que leur mandat arrivera à terme.
Selon lui, tout ce qui est fonctionnement, appui, de même que les engagements vis à vis des fournisseurs seront suspendus. «Il n’y a que les salaires, les dépenses prioritaires qui seront engagés, en attendant que la nouvelle équipe définisse ses orientations», explique Guy Silva Thiam.
«Le risque c’est que d’octobre à décembre, on ne vote pas le budget et on fonctionne difficilement. En outre, si le scrutin se tient en janvier, cela veut dire que le Conseil municipal ne pourra être installé qu’en mi-février. Quel que soit l’accélération qui sera faite par les autorités locales, c’est à la mi-février que le maire sera autorisé à avoir les signatures. Si le nouveau maire installé fait la passation de service fin février-début mars, il va venir s’asseoir se préparer et convoquer à nouveau le Conseil pour ses réorientations budgétaires», fait-il remarquer. «A cette réorientation budgétaire jusqu’à fin mars, la mairie ne va pas fonctionner. Avec ce report, les mairies risquent d’être bloquées jusqu’en mars pour pouvoir fonctionner», craint-il, ajoutant que ce report ne peut profiter qu’aux petites collectivités territoriales.
La deuxième conséquence est politique. Elle est liée au fonctionnement de la mairie. Si on va vers des locales en janvier, les politiques vont commencer à afficher leurs ambitions et déclarer leur candidature à partir de septembre et octobre. Ce qui va se passer, souligne notre interlocuteur, le fonctionnement du Conseil municipal peut être bloqué au niveau du débat d’orientation, mais également au niveau du vote du budget. Selon lui, les conseillers peuvent avoir des orientations différentes et chaque conseiller voulant montrer sa voie et ses compétences.
Ainsi, avec ce report qui se dessine, Guy Silva Thiam reste persuadé qu’on va sûrement vers des blocages dans certaines collectivités locales, où les maires sont minoritaires. «Ces maires vont, à coup sûr avoir, des difficultés dans le fonctionnement de leur Conseil municipal», explique t-il.
L’Assemblée nationale a voté le projet de loi qui reporte le scrutin en janvier, alors que l’opposition et la société civile veulent la tenue du scrutin avant la fin de l’année.