Abdoul Aziz AGNE, correspondant permanent en France
A moins d’une semaine du premier tour des élections présidentielles en France, aucun candidat ne semble émerger du lot. Le spectre final laisse apparaître un peloton de tête composé du leader du Mouvement En Marche, Emmanuel MACRON, de la présidente du Front National, Marine LEPEN, du candidat du parti Les Républicains, François FILLON et du président du mouvement La France Insoumise, Jean-Luc MELENCHON. Et compte tenu du capital d’indécis inestimable, la qualification au second tour devient un grand suspense.
A quelques jours du premier tour des élections présidentielles, un français sur quatre ne sait pas encore pour quel candidat voter. Une situation inédite pour un scrutin ouvert aux multiples tournants et rebondissements. Rattrapé par ses affaires liées à l’emploi « fictif » de son épouse, François Fillon désigné comme favori au sortir des élections primaires organisées par son parti, se retrouve relégué à la troisième place. Une dégringolade qui profite désormais au leader du mouvement En Marche, Emmanuel MACRON, bien positionné pour succéder à François Hollande à l’Elysée. Ce dernier devance d’un point Marine LEPEN, dans les derniers sondages. Ce qui, plus que jamais, laisse présager un scrutin à l’issue incertaine.
Le caractère inédit de ce scrutin relève du fait que le président de la République sortant, François HOLLANDE, ne se représente pas pour sa réélection. Une décision inédite car c’est la première fois sous la cinquième République qu’un président de la République ne se représente pour sa propre réélection.
Pour rappel, les présidents Valéry Giscard d’Estaing et Nicolas SARKOZY s’étaient représentés pour leur réélection sans succès tandis que Georges POMPIDOU était décédé durant son premier mandat. Seuls le Général DEGAULLE et les président François MITTERANG et Jacques CHIRAC avaient réussi à se faire élire deux fois.
Mais toujours est-il que la décision historique du président HOLLANDE à ne pas briguer un second mandat aura favorisé la libération des ambitions au Parti socialiste. Des aspirations sur fond de rivalités et de profondes divisions qui propulsent Benoit HAMON au- devant de la scène.
Le candidat du parti socialiste dans ces élections ne représentait pas une réelle alternative au sein de son camp politique mais comme celui qui proposait de restaurer les valeurs de la gauche. Le score inédit de moins de 10% engrangé dans les derniers sondages, en disent long sur les profonds désaccords qui minent son parti.
Mais c’est surtout le leader du mouvement En Marche qui semble tirer les marrons du feu. Crédité de 25 % des intentions de vote, Emmanuel MACRON est aujourd’hui le candidat le mieux placé pour succéder à François Hollande à l’Elysée. Une position favorable qui ne l’amène pas dormir sur ses lauriers. En effet, des sondages révèlent qu’une grande partie de son électorat reste à ce jour indécise. Ce qui lui attribue un socle électoral qui reste à être consolidé.
En embuscade, le Front National avec un score qui tournerait autour de 24%, compte rééditer le coup de 2002 en se qualifiant au second tour. La grande opération de dédiabolisation menée habilement par Marine LEPEN depuis qu’elle a succédé son père à la tête de ce parti d’extrême droite, semble porter ses fruits. Ce qui ne laisse pas sans espoir, François FILLON et Jean –Luc MELENCHON qui, avec leur 18%, comptent beaucoup sur un « effet surprise » adossé sur l’électorat indécis.
L’autre aspect qui confère un caractère particulier à ce scrutin présidentiel en France, c’est la présence de candidats qui, pour la plupart, n’étaient pas attendus. En effet, les élections primaires organisées par le parti socialiste et Les Républicains, ont produit des candidats qui étaient loin d’être les favoris.
A gauche, placé loin par les sondages derrière Manuel VALLS et Arnaud MONTEBOURG, Benoit HAMON rafle la mise à l’arrivée. Même scénario à droite où FILLON, casse la dynamique gagnante JUPPE-SARKOZY en emportant haut la main les élections primaires.
Des candidatures pour le moins inespérées, déjouant les pronostics qui avaient déjà fini de voir en Alain JUPPE le futur locataire de l’Elysée. Mais aujourd’hui, c’est le leader du mouvement En Marche qui risque de limiter les ambitions de ces deux candidats venant de la gauche et de la droite. « Casser les codes établis sur l’échiquier politique français depuis plusieurs d’années en réunissant toutes les forces vives de la nations », tel est le leitmotiv d’Emmanuel MACRON. Un pari qu’il est en train de réaliser car, selon les derniers sondages, le chef de file d’En Marche devancerait tous les autres candidats au premier tour.
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