EMMANUEL NGOM DIT SAMUEL GNILANE, DIRECTEUR DES EDITIONS PHILIPPE, SUR LA CONTESTATION DES DECISIONS DU CHEF DE L’ETAT PAR SON PROPRE CAMP : «CELA INTERROGE SUR LA COMPREHENSION ET L’ACCEPTATION DE LA CULTURE REPUBLICAINE »

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Ce texte met en lumière une problématique récurrente dans la sphère politique sénégalaise : la contestation des décisions de nomination du Président de la République par des membres du parti Pastef. Voici une analyse approfondie que je me suis permise, avec des points culminants pour essayer de faire comprendre les enjeux et proposer des pistes de réflexion.

  1. Le pouvoir de nomination du Président de la République : un fondement républicain.

Le pouvoir de nomination du Chef de l’État repose sur des principes constitutionnels qui font de lui l’arbitre suprême dans la gestion des affaires publiques. Toutefois, la remise en cause fréquente de ce pouvoir, notamment par des membres de son propre camp, interroge sur la compréhension et l’acceptation de la culture républicaine.

Point d’analyse :

La nomination d’une militante de Pastef au Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA) illustre une tension entre l’idéal républicain et les intérêts partisans. Les critiques émanant de Pastef révèlent une incapacité à transcender les logiques partisanes au profit de l’intérêt général. Cela traduit une immaturité politique et une méconnaissance des responsabilités d’un Président élu, qui agit au nom de tous les citoyens, et non uniquement des militants de son parti.

  1. Le Président de tous les Sénégalais : une mission délicate

Une fois élu, le Président incarne l’unité nationale et ne peut légiférer ou agir en se limitant aux attentes de ses partisans. Cette posture est essentielle pour préserver l’équilibre et la cohésion sociale.

Point d’analyse :

L’avocat Me Amadou Kane rappelle que distinguer entre électeurs et non-électeurs constitue une violation du serment présidentiel. La démocratie repose sur l’égalité des citoyens devant l’État. En contestant des nominations sous prétexte qu’elles ne servent pas uniquement les intérêts partisans, les militants de Pastef fragilisent les fondements de la République.

Exemple concret :

Ce genre de contestation peut encourager un clientélisme destructeur, où seuls les affiliés politiques sont récompensés, excluant une majorité silencieuse pourtant indispensable à l’élection.

  1. Les paradoxes internes de Pastef : un parti en quête d’équilibre

Pastef, bien qu’ayant porté Bassirou Diomaye Faye à la présidence, semble être divisé sur la gestion des nominations. Ce paradoxe interne révèle des ambitions divergentes parmi ses membres.

Point d’analyse :

Beaucoup de militants semblent davantage attachés à la figure charismatique d’Ousmane Sonko qu’au programme institutionnel de Diomaye. Cela crée une fracture entre la direction politique du parti et la base militante.

Adage wolof :

L’expression « jooxé boop roccii laamëñ » illustre cette réalité : “offrir un pouvoir tout en le contestant discrètement”. Cette ambiguïté affaiblit la capacité de gouvernance et nuit à la crédibilité du parti sur la scène nationale.

  1. Les limites de la logique partisane : une aliénation démocratique

La revendication selon laquelle seuls les militants du parti au pouvoir doivent bénéficier des nominations est contraire à l’esprit démocratique. Elle accentue la polarisation et empêche une gouvernance inclusive.

Point d’analyse :

L’élection présidentielle ne repose pas uniquement sur les militants du parti majoritaire. Une large partie de l’électorat appartient à la « majorité silencieuse », sans affiliation politique directe. Ignorer cette réalité revient à trahir le pacte républicain.

Perspective comparative :

Dans les grandes démocraties, les nominations transcendent souvent les clivages partisans pour inclure des compétences variées, afin de refléter la diversité des sensibilités nationales.

  1. L’importance d’une culture d’État et d’un esprit républicain

Pour sortir de ces polémiques récurrentes, une éducation politique s’impose, tant au sein des partis qu’auprès des citoyens.

Proposition :

Organiser des formations sur les valeurs républicaines et les institutions démocratiques.

Promouvoir une culture de l’inclusivité et de la méritocratie dans les nominations publiques.

Encourager les partis politiques à valoriser les compétences plutôt que l’appartenance partisane dans leurs propositions de candidats à des postes de responsabilité. Pour conclure en définitif : un défi de maturité politique Cette controverse autour des nominations reflète les défis de la consolidation démocratique au Sénégal. Il est impératif que les acteurs politiques, à commencer par Pastef, dépassent les querelles partisanes pour embrasser une vision républicaine. Le Président de la République, en tant que garant de l’unité nationale, doit conserver son pouvoir de nomination sans céder aux pressions. Ainsi, la véritable question est celle-ci : comment transformer la culture politique sénégalaise pour qu’elle serve l’intérêt collectif plutôt que les ambitions individuelles ?

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