La crise de la dette à laquelle sont confrontés les pays en développement s’est aggravée. L’économiste Meissa Babou explique cette situation par les différentes crises. «Depuis la crise à Covid-19, tous les pays en développement ont souffert des diverses subventions accordées à leur économie. Et avec l’éclatement de la guerre en Ukraine qui nous a valu une deuxième inflation extrêmement terrible, beaucoup de pays ont pris la décision d’annuler des taxes et des impôts qui devaient entrer dans leur budget», dit-il.
«D’autre part, ils ont même sorti de l’argent comme le Sénégal avec le cash transfert et la subvention directe de certains produits comme le pain. Toutes choses qui font que le trésor public est secoué d’une part d’un déficit des entrées fiscales, et d’autre part, par les subventions directes», affirme Meïssa Babou. Et de poursuivre : «C’est une situation difficile pour tout le monde et malheureusement des pays comme le Sénégal ont fait recours à l’emprunt pour combler le gap avec presque 500 milliards d’endettement», poursuit-il.
«Nos moyens fiscaux étant réduits, on est en train de creuser notre propre tombe. Malheureusement, nous sommes des pays têtus avec des dirigeants têtus qui, au lieu de freiner les dépenses publiques les augmentent avec un nombre colossal de ministres, des agences en n’a plus finir et des institutions budgétivores qui finalement rendent la situation plus difficile et qui creusent l’endettement», regrette l’économiste.
D’après lui, nos dirigeants dépensent sans compter pour des «raisons politiques politiciennes», au lieu d’être rationnels. Et ce manque de rationalisme, précise -t-il, est un facteur bloquant pour régler la situation. «On ne peut pas dépenser énormément et vouloir faire la guerre à l’inflation. L’économie ne ment pas. Quand vous semez mal, vous récoltez mal. On va tout droit vers le cimetière», prévient-il, tout en redoutant un ajustement de la Banque mondiale qui peut aller jusqu’à privatiser La Poste.
Pour régler cette situation, l’économiste préconise la rationalisation des dépenses et l’amélioration des recettes fiscales en augmentant les impôts. Son collègue Souleymane Keita, enseignant-chercheur à l’Ucad, prône la création de nouveaux mécanismes de financements innovants qui, pour lui, permettront de financer les activités économiques sans pour autant s’endetter. «Aujourd’hui, nous faisons face à une crise. Nous supportons ce qu’on appelle l’effet ciseau du fait que la majeure partie des produits que nous consommons sont importés et fabriqués en dollar ce qui fait qu’à chaque fois que le dollar renchérit, notre endettement renchérit», indique-t-il. Et de marteler : «Il faudra donc trouver des solutions aux ressources naturelles par l’industrialisation pour la transformation de nos produits alimentaires mais également éviter les endettements à court terme».