Topnews.sn : Pourquoi avez-vous quitté l’APR ?
Khady Tening Ly: En fait, je n’ai jamais été militante engagée de l’APR au point d’occuper un poste de responsabilité dans le parti ou d’être connue de tous ou presque. J’étais plutôt sympathisante du parti, qui à chaque fois que l’occasion le permettait, participait à certaines rencontres, à certaines réunions et manifestations.
Cela se comprend naturellement du fait que j’étais déjà proche de beaucoup des membres du parti, notamment mes camarades, amis et autres connaissances qui sont de Fatick comme moi, mais la raison principale est que le candidat Macky Sall a été quelqu’un en qui j’ai fondé un espoir. Ainsi, j’ai apporté mon soutien toutes les fois que j’ai pu, aussi minime soit-il.
Par exemple j’ai battu campagne (avec la caravane de la jeunesse) lors des présidentielles de 2012, comme l’ont fait les nombreux sénégalais qui voulaient voir le candidat Macky Sall être porté à la tête de l’État. Alors, vous comprendrez naturellement que c’est quand j’ai vu mes attentes se transformer en un rêve qui n’est pas prêt de se réaliser que j’ai carrément cessé toute activité pouvant me mêler à ce parti.
Concrètement qu’est-ce qui vous a déçue chez Macky Sall ?
Le revirement radical et tragique de sa posture. Il disait souvent être conscient de devoir apporter une rupture dans la manière de gouverner. Cette rupture, tel que nous en avions et avons toujours besoin n’est jamais venue. Nous constatons plutôt se réaliser tout le contraire de ce qui avait été manifesté par les sénégalais en termes de besoins urgents, d’aspirations sociales, de revendications. En gros, les promesses n’ont pas été tenues, les urgences ont été ignorées, les exigences de la vie sociale et même politique foulées aux pieds.
Pour quelqu’un qui a délibérément endossé la lourde responsabilité de satisfaire les aspirations pressantes des populations en se présentant comme l’espoir de tout un peuple qui, en un moment de son histoire était convaincue de souffrir le joug d’un gouvernement qui n’avait plus d’égard pour les citoyens et semblait avoir perdu le sens de la limite, le renoncement aux attentes qui l’ont porté au pouvoir, comme nous pouvons le constater tous, ne peut être que décevant et signe de régression.
Par exemple, pendant l’année scolaire 20011-2012, les enseignants ont été en grève, comme à l’accoutumée ces dernières années. Et c’est le candidat Macky Sall lui-même qui, entre les deux tours, leur a demandé de mettre fin à leur mouvement, car, avait-il dit, l’éducation est ce qu’il y a de plus important dans une société. Il est clair maintenant qu’il devait juste montrer qu’il accordait de l’importance aux préoccupations des populations.
Car, que constate-t-on ? La crise scolaire prend de plus en plus de l’ampleur (d’ailleurs cette année elle a pris des formes vraiment inquiétantes), l’école sénégalaise est au bord du gouffre, truffée de problèmes et de manquements de tout genre. L’éducation est en train de perdre de sa valeur et l’État ne montre pas de solutions réellement capable de changer efficacement la donne. Alors s’il faut nous endetter à coup de milliards, pour réaliser par exemple un T.E.R, il est bien plus décent d’investir cet argent dans l’éducation, ce qui sera forcément rentable.
Si on regarde du côté de la santé, on voit et peut dire la même chose, sans oublier qu’il y a encore des zones dans ce pays où les populations risquent d’être frappées par la famine, où elles manquent d’eau, d’électricité et ont beaucoup de peines à trouver une école proche où inscrire leurs enfants. Bénéficions-nous d’une sécurité suffisante et à tout point de vue ; la justice sociale est-elle une réalité ou un leurre dans ce pays ?
En tout cas, un État qui protège ses citoyens et assure ses fonctions garantit une éducation de qualité, permet aux citoyens de se soigner sans passer par tous les calvaires, et évite qu’elles frôlent la misère, où que puissent vivre ces citoyens dans le pays. Ce que nous ressentons, c’est plutôt un relâchement, qui ressemble à un refus ou une démission des questions sociales, qui restent une priorité urgente et passent avant quoi que ce soit. Il est quand même curieux de laisser s’écouler six ans, d’attendre la veille des prochaines élections présidentielles, pour décréter une année sociale, alors même qu’on avait été véritablement élu pour cela et qu’on aurait dû placer son magistère sous cette exigence.
Pourquoi avoir choisi de militer à l’ACT et pas Ailleurs ?
J’ai choisi de militer à l’ACT par conviction. C’est un parti dont l’idéologie, les objectifs, les principes de fonctionnement recoupent ma vision de la politique. En effet, au vu des nombreux problèmes que nous rencontrons aujourd’hui et des multiples dysfonctionnements connus dans le système, un type de gouvernance qui met l’accent sur des réformes cruciales et efficaces qui appuient les populations et protègent véritablement les intérêts du pays est ce qui est capable de redonner espoir et de nous remettre sur les rails.
L’ACT est un parti qui travaille à apporter une véritable rupture, une révolution efficace, dans la façon de faire la politique, de gouverner les affaires de la cité. En gros, nous tendons à rétablir la confiance, qui s’est beaucoup effritée, entre le politicien et le citoyen. Alors, vous comprendrez que nous mettons vraiment l’accent sur l’éthique et le travail décent pour réussir notre mission.
Pensez-vous qu’Abdoul Mbaye soit l’homme de la situation ?
Bien sûr. Depuis le moment où il a décidé de s’engager en politique, il n’a cessé de nous prouver qu’il est la personne indiquée, le bon profil. Il a l’habitude de nous dire que le Sénégal a présentement besoin de mettre à sa tête des hommes et des femmes travailleurs.
Et il a raison, il faut que des gens compétents, qui ont de l’expérience dans le domaine du travail et surtout qui sont soucieux de vertu soient ceux qui gèrent nos affaires. On ne peut pas se permettre de continuer à laisser notre avenir et le futur du pays aux mains de personnes qui vont mettre du temps à tâtonner et à commettre des erreurs lourdes de conséquences avant de pouvoir comprendre comment ça marche, et c’est pire quand elles sont peu regardant de l’intérêt général.
Le P.AM est bien plus capable de redresser la situation, quand on sait d’ailleurs que le nœud de nos problèmes est l’aspect économique. Alors qui mieux que lui, l’économiste redresseur, comme ses collègues de travail l’ont nommé ?