Une étude intitulée : Les actifs échoués du Sénégal: l’impact du Covid-19 et de la transition énergétique sur le secteur pétrolier offshore écrite par Johnny West Open Oil note qu’il y a «de fortes chances» que les ressources pétrolières et gazières du Sénégal, au-delà de celles programmées dans les premières phases soigneusement délimitées des projets en cours, aient déjà échoué.
«Des projets qui semblaient viables en 2019 ne le sont plus que de façon marginale en 2020. Si les entreprises ont l’habitude d’investir dans un contexte de volatilité des prix, peu d’entre elles s’attendent à ce que les prix du pétrole ou du gaz reviennent bientôt à leur niveau de 2018-19, et entre-temps, les signaux du marché concernant la baisse structurelle des prix due à la transition énergétique se font plus forts», souligne le rapport. Et d’ajouter: «A cela s’ajoutent les longs délais d’exécution des projets pétroliers et gaziers, en particulier offshore, central au Sénégal».
L’exploration a été entravée par la Covid-19. Mais, d’après l’auteur de cette étude, une découverte faite en 2020 ne devrait pas atteindre son pic de production avant les années 2030 et, selon les hypothèses du “business as usual” qui prévalait jusqu’à récemment, serait toujours en production en 2050. «Le stade de développement, où des milliards de dollars doivent être engagés dans un projet qui dure des décennies, est le “grand filtre” de la nouvelle production. C’est pourquoi, selon Rystad, un des principaux fournisseurs d’informations techniques à l’industrie pétrolière, les approbations de nouveaux projets de combustibles fossiles se sont pratiquement effondrées au cours du premier semestre 2020. Cela rend le développement de projets découverts mais pas encore développés comme Yakaar-Teranga plus improbable au fil du temps», poursuit notre source.
Dans ce contexte, le rapport soutient que le secteur offshore n’apportera aucune contribution significative aux finances publiques du Sénégal. Les recettes atteindront à peine 2 % du budget annuel, et ce uniquement à partir des années 2030. Les revenus du pétrole et du gaz ne peuvent pas alléger la dette publique du Sénégal, qui s’élève à environ 15 milliards de dollars. L’étude estime qu’en utilisant des méthodes standard d’actualisation des revenus futurs pour déterminer la valeur actuelle, le secteur pourrait valoir 1 milliard de dollars – au total. Cela représente moins d’un an de service de la dette actuelle. Enfin, l’étude montre que l’exercice du droit contractuel du Sénégal pour d’État Petrosen d’assumer son droit de participation au capital des projets Sangomar et Gta, même à leur échelle réduite actuelle, expose le Sénégal à plus d’un milliard de dollars de dettes supplémentaires. «Il existe un risque important que ces prêts ne soient jamais remboursés, ce qui en ferait des investissements déficitaires», soutient le rapport.