Ce sont certainement les plus grands perdants de l’exploitation des ressources gazières et pétrolières offshore. Confrontés à la raréfaction des ressources halieutiques, les pêcheurs sénégalais doivent faire face aujourd’hui à la réduction de leurs zones de pêche. L’exploitation de ces ressources risquent de constituer une malédiction pour eux. La société australienne Woodside, qui exploite le pétrole de Sangomar, a interdit aux pêcheurs de s’approcher à moins de 500 mètres de leur plateforme d’exploitation.
«Nous vous annonçons l’arrivée du navire Van Oord Stornes le 1er avril 2023 sur le champ de développement Sangomar. Le Van Oord est un vaisseau d’installation sous-marine de flexibles, et sera en soutien des opérations du champ Sangomar, dans le cadre de la préparation de l’arrivée du FPSO Leopold Sédar Senghor. Pour rappel, nous vous demandons, pour le bien de tous les usagers de la mer, de bien vouloir respecter une distance de sécurité de 500m entre vous et les installations du champ Sangomar », écrit Woodside sur sa page Facebook. Un message traduit en wolof pour mieux sensibiliser les pêcheurs.
Dans le nord du pays, aux larges des côtes sénégalo-mauritaniennes, Bp qui exploite le gisement de gaz Grand Tortue Ahmeyim a donné les mêmes mises en garde aux pêcheurs. Pire, l’entreprise anglaise a installé plus de 20 immenses brises lames. Les premiers caissons dans ce chantier de Dakar qui entre dans le cadre de la phase 1 du projet Grande Tortue Ahmeyim, ont été mis à l’eau en 2021. Chaque caisson mesure 54,5 mètres de long, 28 mètres de large et 32 mètres de haut et pèse 16 000 tonnes. Ils forment un brise-lames en mer de 1,2 kilomètre conçu pour fournir un abri à l’unité flottante de liquéfaction de gaz et aux installations d’exportation, face aux conditions météorologiques et océaniques actuelles.
En plus de la réduction de leur espace vital, les pêcheurs artisanaux doivent aussi faire face à la concurrence des bateaux étrangers. En effet, l’’économiste et député Mamadou Lamine Diallo affirme que la pêche artisanale est écrasée par les accords de pêche qui favorisent les bateaux européens, russes, coréens et chinois. «Le poisson devient rare et tout est exporté pour quelques milliards par an en faveur des finances publiques. Les 600 000 travailleurs de la pêche artisanale dont beaucoup de femmes voient leurs revenus baisser », dit-il dans l’une de ses questions économiques hebdomadaires.