C’est le scénario redouté par le pouvoir, mais les rencontres entre les députés de l’opposition et les syndicats grévistes font penser à une éventuelle jonction entre les deux groupes.
Le front social est en ébullition. Toutes les organisations syndicales, surtout les enseignants et les médecins sont en grève. Ces mouvements de grève interviennent à moins d’un an de la présidentielle, dont le 1 tour est fixé au 24 février 2019. Et naturellement, ces fonctionnaires et agents non fonctionnaires de l’Etat ont le soutien de l’opposition parlementaire.
A la tête d’une forte délégation, Madické Niang, le président du groupe parlementaire de l’opposition Liberté et Démocratie, a rencontré les enseignants du SAES et les travailleurs affiliés à la CNTS, la plus grande centrale syndicale. Et même si l’opposition se défend de faire de la récupération politique, cependant, il n’en demeura pas moins que ces rencontres suscitent beaucoup d’interrogations. Certains, y compris du côté du pouvoir, redoutent une connection entre l’opposition et les syndicats.
Toutefois, certains responsables syndicales réfutent cette éventualité. C’est le cas de Abdoulaye Ndoye. A la tête du Cusems, le syndicat le plus représentatif de l’enseignement au Sénégal, il affirme qu’ils n’ont pas attendu cette période charnière, à un an de l’élection présidentielle pour se faire entendre. «Notre agenda n’est pas celui des politiciens», précise-t-il.
Le secrétaire général du Cusems affirme que leur grève n’a aucun rapport avec l’élection présidentielle à venir. «Et nous ne craignons aucune récupération politique de notre mouvement. D’ailleurs, les textes du Cusems interdisent au secrétaire général d’être membre d’un parti politique».
Abdoulaye Ndoye, secrétaire général du Cusems: «Notre agenda n’est pas celui des politiciens»
«Nous n’avons pas de période où on doit lutter et de période où on ne doit pas lutter. Le jour où le gouvernement va faire de l’école une priorité, quand il n y aura plus de retards de salaires, quand on paiera les indemnités à temps, etc il n y aura plus de grève».
Youssou Touré : «Il y a eu tout le temps des récupérations politiques des mouvements sociaux»
Ancien secrétaire général de l’OIS et ancien ministre du gouvernement de Macky Sall, Youssou Touré affirme qu’il y a eu tout le temps des récupérations politiques des mouvements sociaux. Mieux, il soutient que c’est normal qu’il ait beaucoup d’agitations parce que nous sommes à la veille de la présidentielle.
«Que les organisations syndicales fassent un peu de bruit pour qu’on prenne en charge leurs revendications. Il faut se féliciter de l’engagement du Premier ministre pour qu’on trouve des solutions à cette crise», dit-il. Avant de poursuivre: «Mais il faut savoir arrêter par rapport au contexte politique et économique. Il ne faudrait pas attendre la veille d’une élection présidentielle pour faire dans le positionnement, cela pose problème». «Nous aurions aimé avoir en face de nous une opposition beaucoup plus forte et crédible, ce n’est pas le cas malheureusement», dit-il encore.
