Bissau. Une mission de renforcement des capacités, dirigée par Concha Verdugo-Yepes, économiste principale et chef de projet au département Afrique du FMI, est actuellement à Bissau du 27 au 31 mai. Ce mercredi 29 mai, elle participe au lancement officiel de la « solution basée sur les chaînes de blocs qui vise à renforcer la transparence de la gestion de la masse salariale aux ministères des Finances et de l’Administration publique ».
À la fin de la cérémonie de lancement, organisée en collaboration avec la Cour des comptes et présidée par le Premier ministre, M. Rui Duarte de Barros, et par le ministre des Finances, M. Ilídio Vieira Té, Mme Verdugo-Yepes a souligné qu’il s’agissait d’un aboutissement remarquable pour un État fragile :
« La Guinée-Bissau est l’un des premiers pays d’Afrique subsaharienne à utiliser la technologie numérique des chaînes de blocs pour améliorer la gestion de la masse salariale par l’administration publique, favoriser la transparence budgétaire et lutter contre les vulnérabilités en matière de gouvernance. Cette innovation peut contribuer à renforcer la confiance de la population dans les institutions budgétaires, à accroître la responsabilité des parties prenantes, et à réduire toute perception de corruption dans l’administration.
« La technologie des chaînes de blocs détecte les anomalies et déclenche des alertes lorsque des informations sur les salaires sont incohérentes. Elle permet de réduire le travail d’audit et de rapprochement, et fournit en temps opportun des données fiables et de haute qualité aux modèles d’intelligence artificielle.
« Cette solution pourrait aider à remédier à des problèmes qui ont une importance capitale sur le plan macroéconomique et à garantir le succès du programme appuyé par le FMI. Lorsque nous avons démarré le projet en 2020, la masse salariale représentait 84 % des recettes fiscales, le ratio le plus élevé de la région. Cela signifie que pour 100 dollars d’impôts collectés, 84 dollars étaient dépensés en salaires. Il restait peu de ressources pour la santé, l’éducation, les infrastructures ou le remboursement de la dette. Ce ratio est désormais de 53 %, mais il reste élevé par rapport au taux de convergence de la région qui est de 35 %.
« Nous remercions les autorités pour leur collaboration tout au long de ce processus, notamment dans la conception d’une plateforme basée sur les chaînes de blocs adaptée à la Guinée-Bissau, aux côtés de notre partenaire technologique Ernst and Young, et pour leur participation aux formations qui facilitent l’adoption de cette technologie. Nous sommes également reconnaissants pour le soutien que d’autres partenaires majeurs pour le développement ont apporté, tels que le PNUD, la Banque africaine de développement, les gouvernements français et japonais, et les partenaires donateurs du centre régional d’assistance technique du FMI pour l’Afrique de l’Ouest (AFRITAC Ouest) : Allemagne, Belgique, Chine, France, Luxembourg, Pays-Bas, Norvège, Suisse, Union européenne et Banque européenne d’investissement.
« La balle est désormais dans le camp des autorités de la Guinée-Bissau. Toutefois, le FMI reste prêt à apporter son soutien pour mener à bien le déploiement de cette solution dans les autres ministères dans les mois à venir, en collaboration avec AFRITAC Ouest. »
Contexte : la solution présentée est une plateforme numérique qui garantit la disponibilité d’un ensemble fiable de données relatives à la masse salariale. Elle dispose de fonctionnalités permettant de protéger l’intégrité des données, vérifier en temps réel si les fonctionnaires remplissent les conditions requises, surveiller l’exécution du budget de la masse salariale, contrôler les paiements approuvés des salaires et des retraites des fonctionnaires et leurs décaissements par les banques commerciales. Cette solution détecte également les anomalies parmi les données et produit des rapports quasiment en temps réel pour aiguiller les décideurs.
Fmi