IDRISSA SECK FACE AU PARADOXE DE LA TRANQUILLITÉ

à la une Contribution Politique

Le simple fait qu’Idrissa Seck ne puisse pas valider ses parrainages au 1er tour est problématique pour quelqu’un qui dit être le chef de l’opposition sénégalaise. Des candidats qui viennent juste de s’engager en politique ont validé dès le 1er contrôle. Le paradoxe de la tranquillité est un concept économique inventé par Hyman Minsky dans les années 80. Il est utilisé dans l’analyse des marchés financiers pour traduire l’idée selon laquelle la stabilité financière renferme, en elle-même, les germes de l’instabilité financière.

L’idée générale est que les crises ont un caractère endogène, qu’il s’agisse de crise financière ou de crise d’endettement. En période de stabilité financière, les agents économiques prennent plus de risques qui, à long terme, engendrent l’instabilité financière. Des vulnérabilités et fragilités financières se développent alors que l’économie a l’air de bien se porter jusqu’au jour où tout explose. Pendant toutes ces années, Idrissa Seck a connu une longue période de stabilité « personnelle » car étant le seul maître à bord de son parti qu’il a chosi d’appeler « Rewmi » (en wolof ça signifie le pays).

Sa stabilité et sa solidité sur son piédestal ont poussé beaucoup de ténors de son parti à le quitter soit parce qu’ils ne voyaient pas de bonnes perspectives de carrière politique, soit parce qu’ils ne sentent pas la démocratie dans l’animation du parti. C’est le cas de Pape Diouf, Oumar Gueye, Thierno Bocoum, Abdourahmane Diouf, Dethie Fall et d’autres. Au contrôle des parrainages, on a eu la surprise de voir Idy être renvoyé par le conseil constitutionnel en session de rattrapage. Nous savons que d’autres candidats sans parti politique structuré et sans l’expérience d’Idrissa Seck ont pu valider leurs parrainages au premier tour parce qu’ils ont mouillé le maillot sur le terrain.

Idy est resté dans un mutisme inexpliqué depuis plusieurs mois et a semblé se dire que la recherche de parrainages c’est pour les petits, pour ne pas dire les « nains » en politique. Cette tranquillité intérieure qu’il est en train de vivre en ayant certainement à l’esprit l’époque où il était populaire et puissant à côté du président Wade, peut lui coûter cher politiquement. Ces conseillers, militants et sympathisants ont le devoir et la lourde charge de lui rappeler que même pour la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) de football les règles ont changé car même le vainqueur de la coupe doit jouer les éliminatoires pour participer à la CAN suivante. Comprenne qui pourra ! La présidentielle n’est pas un processus autoregressif (comme diraient les économètres) dans lequel le modèle est expliqué par les valeurs passées et non par d’autres variables.

 

Pr Abou KANE

FASEG/UCAD

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *