La Covid-19 a mis à rude épreuve les finances publiques, selon le chef du département de droit public et directeur du centre d’études et de recherches en ingénierie juridique et financière (Cerif). Abdou Aziz Daba Kébé affirme que l’Etat a subi de plein fouet la crise, si on se réfère aux indicateurs budgétaires macro-économiques.
«Cette crise a entraîné une dégradation du solde budgétaire. Le déficit a dépassé les 743 milliards en 2020. Or, avant la pandémie, il tournait autour de 400 milliards. En effet, le déficit budgétaire est passé de 6,7% en 2011 à 3% jusqu’en 2018/2019. Avec la pandémie, le déficit est allé jusqu’à 6%», dit-il. Or, d’après lui, le premier élément qui montre que les FP sont en bonne santé c’est notamment le solde budgétaire global qui ne doit pas dépasser 3%. Aujourd’hui, il tourne autour de 7%, dit-il.
En outre, l’enseignant, qui s’exprimait, lors de la restitution de l’étude sur l’impact de la covid-19 sur le budget, commanditée par la coalition nationale pour le Suivi Budgétaire (Conasub), qui regroupe plus d’une dizaine d’organisations de la société civile, en partenariat avec l’Ong 3D et Oxfam, ajoute que la dette publique, dont l’encours dépasse 8000 milliards, a atteint presque 70% du Pib, la limite communautaire. «Elle est passée de 63% à 69%, soit une progression de l’ordre de 6%», poursuit-il, ajoutant que
Le professeur Kébé souligne également que l’Etat a subi de plein fouet la crise en termes de mobilisation de ressources en faisant des renonciations de recettes intérieures et douanières avec des remises partielles de la dette fiscale. Il y a également la baisse de la consommation, à cause des mesures de restriction des libertés.
«Nous avons un système de consommation, si on a 1000 milliards de francs, 70% nous proviennent des impôts de consommation. Donc, avec les restrictions, les FP deviennent tendues», explique encore Abdou Aziz Daba Kébé, ajoutant que l’autre preuve que les finances sont tendues, c’est l’adoption d’une «budgétisation exceptionnelle» avec des ordonnances, à travers une loi d’habilitation. Or, d’après lui, la loi d’habilitation, c’est parce qu’il y a eu une crise et l’Etat a trouvé une thérapie avec des «immunisations financières exceptionnelles» comme des dérogations au code des marchés publics, etc.