La CEDEAO a ordonné ce jeudi, à l’issue du sommet, l’activation de sa force d’intervention, suite au coup d’État du 26 juillet au Niger. Toutefois, l’organisation a réitéré qu’elle est favorable à une résolution pacifique de la crise. Mais une intervention militaire au Niger pour rétablir par la force le président Mohamed Bazoum, aura des lourdes conséquences sur l’économie de la sous-région et plus particulièrement le Sénégal. L’ancien Premier ministre Abdoul Mbaye se demande si les dirigeants de la Cedeao, qui ont fixé un ultimatum aux putschistes, ont mesuré toutes les conséquences d’un risque de guerre sur les contrats liant nos ressortissants et Etats en termes d’exécution et de renchérissement aux dépens de nos économies.
«Le Sénégal est particulièrement exposé», dit-il. Selon lui, le pays est un très gros importateur de denrées alimentaires. «Il a le taux d’endettement le plus élevé de l’Uemoa qui a dépassé les 75% et son déficit budgétaire est devenu abyssal: sur l’année il sera sans aucun doute à plus de 1100 milliards de francs Cfa», poursuit le premier chef du gouvernement du président Macky Sall. Plus généralement, il soutient que nos économies actuelles ne sont pas en mesure de subir une hausse des taux d’intérêt, des contrats commerciaux suspendus voire annulés, qu’il s’agisse d’achats ou de ventes. Il affirme également que les populations ne sont pas prêtes à voir s’accroître leurs souffrances déjà aiguës.
Fondateur de l’Alliance pour la citoyenneté et le travail (Act) et candidat déclaré à la présidentielle, Abdoul Mbaye affirme qu’il faut d’abord avoir conscience de ce que le Sahel et l’Afrique de l’Ouest sont déjà perçus comme une région à risque en raison du terrorisme djihadiste et des nombreux coups d’états survenus récemment. Il indique également qu’en matière de produits de consommation courante et notamment de denrées alimentaires, les prix n’ont jamais été aussi élevés et des records en matière d’inflation ont été battus.
«Le blocage éventuel, même temporaire, d’expéditions de produits alimentaires notamment pourrait avoir des effets immédiats sous forme de pénuries et d’accélération des prix», dit-il encore. Par ailleurs, selon lui, les taux d’intérêt sur les emprunts extérieurs vont sans aucun doute être relevés lorsque les possibilités d’emprunt elles mêmes ne seront pas compromises pour un temps. Abdoul Mbaye alerte également sur les budgets des Etats déjà lourdement déficitaires ont un grand besoin de ces emprunts. «Ils vont coûter plus chers et alourdir la charge des intérêts», prévient-il.