PAR LE PROF ABOU KANE
Le Burkina Faso, le Mali et le Niger viennent d’acter leur « divorce » d’avec la CEDEAO en créant la confédération des États du Sahel. Heureusement, même après un divorce, des conjoints peuvent se remettre ensemble si chacun parvient à assurer une bonne coordination entre sa tête et son cœur, surtout s’il y a encore des intérêts à préserver de part et d’autres. Ces 3 pays représentent 54% de la superficie de la CEDEAO, 7% de son PIB et 17% de sa population. Il est vrai que c’est la CEDEAO qui a donné le premier coup irrégulier, mais les 3 pays semblent donner des coups sous la ceinture, après le sifflet de l’arbitre et en dehors du ring. Dans ce qui suit, nous utilisons des résultats de la 2e édition du rapport sur l’indice de l’intégration régionale en Afrique pour montrer qu’il est important de rester ensemble pour relever les nombreux défis pour nos pays.
L’indice de l’intégration régionale en Afrique (IIRA), qu’est-ce que c’est ?
C’est un indice mis en place conjointement par l’Union africaine (UA), la Banque africaine de développement (BAD) et la commission économique des nations unies pour l’Afrique (CEA). L’objectif est de mesurer les progrès réalisés, par les pays africains, en matière d’intégration régionale avec des analyses sur chacune des 8 communautés économiques régionales (CER) dont la CEDEAO.
L’indice prend en compte 5 dimensions que sont : l’intégration commerciale, l’intégration productive, l’intégration macroéconomique, l’intégration des infrastructures et la libre circulation des personnes. Il varie entre 0 (faible intégration) et 1 (forte intégration). La CEDEAO enregistre l’une des performances les plus faibles en matière d’intégration régionale avec un score moyen 0,425, se classant 6e sur les 8 communautés économiques régionales.
Les performances du Mali, du Burkina et du Niger
Sur l’indice global d’intégration, le Mali et le Burkina sont classés dans le groupe des pays à performance élevée alors que le Niger est dans le groupe à performance faible. Sur les 15 pays de la CEDEAO, la Côte d’ivoire arrive en tête, loin devant le Burkina Faso, le Sénégal et le Togo. Le Mali est 6e, le Niger 12e.
En matière d’intégration macroéconomique et d’intégration commerciale, le Mali, le Burkina et le Niger font de très bonnes performances. Pour ce qui concerne la libre circulation des personnes, le Burkina est dans le club des pays à performance élevée alors que le Mali et le Niger sont dans celui des pays à performance moyenne. C’est la même situation pour la libre circulation des personnes.
Le problème de la CEDEAO se situe surtout au niveau de l’intégration productive et de l’intégration des infrastructures. Sur l’intégration productive, il n y a que la Côte d’iVoire et le Nigeria qui sortent la tête de l’eau; et pour l’intégration des infrastructures, c’est seulement la Côte d’ivoire et le Cap-vert qui font des performances élevées. Le Mali, le Burkina et le Niger font de faibles performances (performance moyenne pour le Sénégal).
Non seulement ces 3 pays peuvent jouer un rôle essentiel dans l’intégration productive eu égard à leurs ressources naturelles (uranium, or, fer, pétrole, gaz naturel) qui sont des intrants essentiels, mais ils ont tout à gagner sur l’intégration des infrastructures compte tenu de leur enclavement si l’on sait que la CEDEAO a un plan directeur sur les infrastructures pour la période 2020-2045.
FASEG/UCAD