La chanteuse Aby Ndour devra répondre devant la justice pour occupation irrégulière d’un espace public et dégradation de biens appartenant à autrui. En effet, des associations d’étudiants, de sculpteurs et Sos littoral lui ont servi, hier, une citation directe. Ces derniers ont commis l’avocat Me Ousseynou Ngom. «J’ai initié une procédure judiciaire, une citation directe, parce que cette place est symbolique. Tous ceux qui fréquentent la corniche connaissent cet endroit fréquenté à longueur de journée par des étudiants, parce qu’il y a la mer en face, il y a cette paix intérieure, ce qui explique que les étudiants viennent ici pour réviser leurs cours», explique l’avocat.
Qui s’empresse d’ajouter : «Mais il y a également nos frères sculpteurs qui participent à l’embellissement de cette partie de Dakar, en exposant leurs œuvres. Il y a un personne, un privé, sous le prétexte d’une autorisation précaire si on peut dire parce que je n’ai pas encore vu le document, qui s’est approprié cet espace. Vous avez vu les aménagements qui ont été faits. Il y a même des bâtiments en dur qui ont été détruits par la Dscos. Pour dire donc que les intentions de cette personne ne sont pas avouées, mais elles ne cadrent pas avec l’intérêt général».
«Mais le problème ne s’arrête pas là parce qu’ils ont détruit ces œuvres d’art. Ils ont également détruit les matériaux avec lesquels ces artisans travaillent. Aujourd’hui, le coût de ses dommages est estimé à 70 millions de franc. Immédiatement après nous avons fait un procès-verbal de constatation et la citation directe a été lancée. Et la personne ou les personnes impliquées dans ce scandale, parce que c’est un scandale, répondront devant la justice», assure Me Ngom.
Présent à cette manifestation, Mbacké Seck, quatrième adjoint au maire de Dakar, affirme qu’il est là pour défendre les droits des citoyens à un environnement sain, «telle que le stipule la constitution» votée en 2016. Selon lui, toute la réglementation en vigueur au Sénégal sur le code de l’urbanisme, le code de l’environnement, etc nous oblige à garder cette place. « Personne ne peut s’approprier cette portion de terre. Nous ne pouvons pas accepter qu’une personne, fut-elle Aby Ndour, s’approprie cette parcelle. Ce que nous sommes en train de faire, défendre le littoral, doit entrer dans la tête des décideurs qui ont voté ces lois», dit-il.
Pierre Goudiaby Atépa: «On ira jusqu’au bout»
«J’ai décidé d’offrir un avocat à ces jeunes et aux artistes qui va défendre leur cause. Ce lieu est public et il doit rester au public. On ira au pénal et elle remboursera jusqu’au dernier centime. Les gens se sont partagés la corniche, ce n’est pas normal. C’est inadmissible, c’est un rond-point on ne doit pas le construire. Il faut qu’elle quitte et elle quittera. Elle s’entête vouloir occuper ce rond-point», martèle Pierre Goudiaby Atépa.
Waly Diouf, étudiant à la Faculté des sciences économiques, porte-parole des étudiants, affirme qu’ils ont décidé d’alerter l’opinion pour que cette place continue d’être publique et accessible à tous, surtout aux étudiants. «Et nous disons à Aby Ndour que cette place est et restera publique. Et nous avons avisé le maire de Dakar et le ministre de l’Environnement. Nous ne reculerons devant rien pour qu’elle dégage», dit-il, ajoutant qu’ils ont lancé une plateforme dénommée Aby Ndour Dégage et une pétition. Ils étaient des dizaines d’étudiants sur ce bout de terre compris entre la résidence de l’ambassadeur du Mali et le restaurant KFC, à brandir des pancartes sur lesquelles on pouvait lire : «Aby Ndour Dégage» ou encore «Non à la privatisation de notre espace public». La sœur de Youssou Ndour y a installé deux buvettes et a clôturé le lieu en question. Ce qui montre qu’elle n’est pas disposée à quitter, d’après les étudiants qui préviennent cependant qu’ils lui feront face.