Le cœur ne bat plus au service d’urgence cardiologie de l’hôpital général Grand-Yoff. Depuis des mois, le service de cardiologie y est à l’arrêt. Ce, à cause de la panne de l’appareil de cardiologie. Ainsi, les malades qui s’y rendent en urgence pour se faire soigner sont renvoyés vers d’autres structures sanitaires. Une panne qui perdure et qui oblige les patients à valser d’un hôpital à un autre.
Ndèye Maty Diop a vécu cette situation, dimanche dernier. Victime d’une crise cardiaque, la jeune fille âgée d’une vingtaine d’années a passé un week-end qu’elle n’oubliera pas de sitôt. Evacuée au Service d’assistance médicale d’urgence (Samu) Municipal de Grand-Yoff, elle a frôlé le pire. Sur place, après une injection aux services d’urgences, elle a été référée par le médecin à l’hôpital général de Grand Yoff, ex-Cto pour faire l’électrocardiographie. «Nous ne faisons pas d’électrocardiographie, ici. Allez-y à l’hôpital général de Grand Yoff», lui a servi le médecin qui a pris le soin de lui remettre deux ordonnances.
Interpellée, son accompagnante, Aïssata Ndiaye soutient que, selon le médecin, le Samu Municipal ne fait pas d’électrocardiographie (Ecg). Il les a orientées ainsi, rapporte-t-elle, vers l’hôpital général de Grand-Yoff pour faire le diagnostic. Tenant à l’épaule sa malade qui peine à tenir sur ses deux jambes, Aïssata Ndiaye et sa patiente ressortent de l’établissement sanitaire.
La main droite bien pressée sur la poitrine pour tenter d’atténuer sans doute la douleur, marchant accroupie, Ndèye Maty Diop verse de chaudes larmes. A bord d’un taxi, les deux demoiselles prennent la direction de l’hôpital Général de Grand Yoff, ex-Cto.
Arrivées à l’hôpital de général de Grand Yoff, c’est le calme plat. Seules quelques blouses blanches circulent dans les couloirs. En face du service d’urgence des accidentés, se découvre une salle en vitre. C’est le service d’urgence de cardiologie. Dr Charles Emile Dongo et ses collègues assurent le service minimum. A l’intérieur de la salle, deux patients sont couchés sur des lits qui se font face. Dr Dongo affirme que, même si l’appareil de cardiologie est fonctionnel, le service ne dispose pas de feuilles pour faire l’opération.
«Notre appareil de cardiologie est en panne depuis longtemps. Mais, même fonctionnel, nous n’avons pas de feuilles. Il faut aller voir dans d’autres centres de santé. Vous pouvez aller peut-être au Centre hospitalier universitaire de Fann ou Le Dantec. Nous ne pouvons pas faire pour le moment l’Ecg», lance le spécialiste. Dr Dongo se saisit d’un stylo et écrit, au dos de l’ordonnance, quelques mots avant de libérer Ndèye Maty Diop qui gémit sur un fauteuil roulant sur lequel elle a été transportée du taxi jusqu’aux urgences de cardiologie. «Patiente reçue pour la réalisation d’un Electrocardiographie (ECG) suite à un syncope constaté à l’arrivée. Faute d’appareil d’ECG fonctionnel. Patiente référée à l’hôpital Fann», lit-on au recto de l’ordonnance remis à la patiente.
Hélas, Ndèye Maty Diop n’est pas la seule à vivre cette situation. Sokhna Mboup qui a atterri en catastrophe avec sa petite fille, malade, s’est vu renvoyer par le médecin qui lui sert la même explication. Désorientée, la dame qui ne sait plus à quel saint se vouer ne cache pas son amertume et sa désolation.
«Nous sommes arrivés au service cardiologie. Le médecin vient de m’informer que l’appareil de cardiologie est en panne. On ne peut pas faire l’électrocardiographie, ici», explique-t-elle, dégoulinant de sueur. Puis elle ajoute : «C’est très difficile, mon fils a passé toute la journée à pleurer. Il sent une douleur atroce au niveau du cœur. Il ne peut même pas se tenir debout. Et vous n’imaginez pas comment c’est difficile de trimballer un malade d’un hôpital à un autre dans un taxi.»
Au Centre hospitalier universitaire de Fann, même si l’établissement sanitaire dispose d’un appareil cardiologie, il ne faut pas compter sur ce service pour faire l’électrocardiographie. Car, on n’y trouve aucun spécialiste les week-ends. Le samedi et le dimanche, il est n’est pas ouvert, parce que les cardiologues ne travaillent pas, renseigne une infirmière trouvée au service d’accueil des urgences. Pour éviter aux patients et leurs accompagnants de perdre beaucoup de temps, dès que ces derniers mettent les pieds à l’accueil, elle leur conseille de filer directement vers Principal ou Le Dantec.
Source : Walf Quotidien