Le gouvernement réfléchirait sérieusement sur l’obligation du port du masque pour tout le monde, à défaut de pouvoir confiner toute ou une partie de la population. Aloyse Waly Diouf, le directeur de cabinet du ministre de la santé, préconise en effet le port du masque. Des études menées aux Etats unis ont prouvé la contamination par la respiration. Toutefois, l’utilité du port masque fait polémique, certains doutent de leur utilité pour le personnel non soignant.
Faut-il porter un masque dans d’autres situations, telles qu’aller faire ses courses ?
Un grand nombre de personnes étant porteuses du virus mais asymptomatiques, le port de tel masque pourrait se justifier en population générale. C’est la raison pour laquelle George Gao, directeur général du Centre chinois de contrôle et de préventions des maladies, a déclaré dans Le Monde du 1er avril : “La grande erreur aux Etats-Unis et en Europe est, à mon avis, que la population ne porte pas de masque (…). Le simple fait de parler peut transmettre le virus.”
Les avis des scientifiques divergent cependant sur cette question. Deux experts du centre de recherche et de politiques sur les maladies infectieuses de l’université du Minnesota ont publié un avis le 1er avril dans lequel ils estiment qu’il ne faut pas “obliger le grand public qui ne présente pas de symptômes de maladie de type COVID-19 à porter systématiquement des vêtements ou des masques chirurgicaux car il n’y a pas de preuve scientifique de leur efficacité pour réduire le risque de transmission du SRAS-CoV-2.” Ils ajoutent que “leur utilisation peut amener les personnes qui portent les masques à relâcher d’autres efforts d’éloignement parce qu’elles ont un sentiment de protection.”
Selon eux, la pratique répandue du port de ces masques dans la province de Hubei, en Chine, leur donne raison. Pour finir, ils estiment malgré tout que “les masques chirurgicaux peuvent avoir une utilité très limitée” en tant qu’équipement de protection individuelle. Dans un contexte de pénurie des masques chirurgicaux, cette utilité “très limitée” justifie-t-elle le recours à des masques en tissu, ou en papier, faits maison ?
T-shirt, écharpe, serviette de toilette… quel matériau privilégier ?
En 2010, bien avant même la pandémie mondiale, des chercheurs de l’université de Pittsburgh ont testé le pouvoir filtrant de 5 textiles : le sweat-shirt, le t-shirt, la serviette de toilette, l’écharpe et le masque en tissu. Selon eux, il fallait “s’attendre à une pénurie de masques filtrants jetables pendant une infection respiratoire pandémique telle que la grippe”. Leurs résultats publiés dans les Annals of work exposures and health, montrent que les matériaux textiles courants peuvent offrir une protection “marginale” contre les particules contenant des virus dans l’air expiré. Les serviettes de toilette, filtrant 40% des particules, étaient les plus efficaces. Après avoir épluché la littérature scientifique, les chercheurs de l’université de Minnesota indiquent “les masques en tissu ou faits maison ont une très faible efficacité de filtration (2 à 38 %).”
Avec la progression de la pandémie, ceux qui voient le verre à moitié plein sont de plus en plus nombreux à s’exprimer et à plaider pour le port d’un masque “fait main”. Les auteurs d’un éditorial publié dans le Jama du 1er avril soulignent que le CDC recommande aux soignants “en convalescence vraisemblablement immunisés contre le SRAS-CoV-2 d’utiliser des masques faits maison, peut-être à partir de bandanas ou d’écharpes si nécessaire.” Un conseil que certains, comme l’Académie de médecine, propose de décliner sur l’ensemble de la population. A condition bien sûr de maintenir tous les gestes barrière et de les manier avec précaution. Se laver les mains avant et après l’avoir mis, s’assurer qu’il est le plus ajusté possible sur le visage, mais aussi ne pas se toucher le visage sont des règles impératives pour lui maintenir une quelconque efficacité.
Source ; sciencesavenir.fr