Cécile Thiakane – Actrice du développement durable &
Paul Ndiaye – Consultant en développement des médias
Sans eau, aucun être humain ne peut vivre dignement. Sans eau, il n’y a pas de situation sanitaire normale, ni développement économique et social. Etre privé d’eau, c’est tout simplement être privé d’un droit fondamental…Soyons conscients que la première cause de mortalité en Afrique reste les maladies transmises par la consommation d’eau malsaine.
Au Sénégal, nombreuses sont les populations, habitant dans différentes contrées qui font face quotidiennement à un crucial manque d’eau. Le calvaire de nuits écourtées et passées dehors sous la brume à attendre et espérer ce sésame est devenu banal pour ces populations. Bien qu’elles soient résistantes, et habituées à des conditions de vie pas toujours facile, cette situation cause directement ou indirectement des problèmes de santé public et affecte le bien-être des populations. Par ailleurs, imaginons la valeur qui pourrait être créée au bénéfice de leur famille et aussi de la communauté si toutes ces personnes convertissaient ce précieux temps perdu à la recherche de l’eau en du temps productif.
A Fadiouth, charmante île aux coquillages, située dans le département de Mbour, ce manque d’eau s’est invité dans le quotidien de la ménagère depuis plus d’une décennie. Je me rappelle de scènes quotidiennes, presque similaire, quand j’étais jeune ado, à la fin des années 80. Nous étions obligées épisodiquement de veiller des nuits entières pour faire la queue à une borne fontaine publique situé à Ndiomguème, coté diouhame, qui de par sa situation, niveau le plus bas de l’ile, même par basse pression, l’eau arrivait. Ce n’était pas le cas pour les autres quartiers de l’île. Ce manque de sommeil cumulé a une incidence sur la santé, mais la croissance des adolescentes, mais aussi sur leur scolarisation.
Le marque d’eau de cette dernière décennie s’avère plus accrue. Cette situation s’éternise et plonge les populations dans un profond désarroi. Les femmes de l’île passent quasiment tous les jours des nuits blanches dans l’attente de ce précieux liquide. Il arrive même que cette attente soit bredouille. Les bons soirs, assez souvent, l’eau récoltée après un long calvaire est de mauvaise qualité et souvent en quantité insuffisante pour les besoins du quotidien : boire, cuisiner et satisfaire des besoins d’hygiéniques de base : se laver, faire le ménage, faire la lessive…
Très peu d’alternatives s’offrent aux fadiouthiens :
1) Se ravitailler à l’ancien forage saumâtre appelé « Gadjé », une eau bien salée et pas buvable
2) Acheter de l’eau à des revendeurs, qui viennent dans l’ile avec leur chargement de bidons, proposer une eau dont on a aucune traçabilité, ni assurance qu’elle soit potable. Cela a évidemment un coût et non des moindres dans le budget des ménages.
3) Utiliser l’eau de mer pour les besoins ménagers et hygiénique qui s’y prêtent.
4) Aller chercher de l’eau à Joal, ville voisine, ce qui fait quand même une assez longue distance à effectuer à pied pour certains.
Par ces temps de pandémie de la Covid 19, le lavage des mains, un des gestes barrières efficaces préconisés, n’est pas aisé à suivre pour ces populations. Des dispositifs d’urgence sont certes mis en œuvre pour assurer le ravitaillement en eau pour ces populations mais elles sont loin de résoudre le problème.
Fadiouth attend, espère et exige une solution pérenne pour en finir avec ce manque d’eau. Parce qu’il est nécessaire et urgent de revoir la gouvernance de l’eau en portant une attention particulière aux localités insulaires
Parce qu’il est urgent pour l’atteinte de l’ODD 6 (Eau et Assainissement) de soutenir et d’accroître les investissements dans le secteur de l’eau Parce que pour solutionner le problème de l’eau il faut accélérer l’opérationnalité de la mise en œuvre de KMS3 sur le réseau hydraulique de l’axe Mbour-Joal-Fadiouth
Nous lançons ce criant appel à la Sones, la Sen’Eau aux autorités compétentes et à toutes les organisations non gouvernementales compétentes, de mobiliser toutes les ressources idoines pour une eau de qualité et en quantité pour tous à Fadiouth mais aussi dans les zones en manque d’eau au Sénégal.