Par Massirin SAVANE, membre du Secrétariat Exécutif de AJ/A
Comme toutes les roses, la Démocratie a ses épines; Winston Churchill ne disait-il pas que la Démocratie est le moins mauvais des systèmes politiques? Ces tares se manifestent parfois par l’action de médiocres acteurs politiques mais aussi par le jeu des lobbys parasites qui influencent la bonne marche de la République. Ce qui reste constant, c’est qu’un bon système démocratique se décline par une synergie fonctionnelle et transparente des trois pouvoirs (exécutif, législatif et judiciaire) d’un Etat; il faut que chacun des pouvoirs puisse arrêter n’importe lequel des trois.
A côté de ces trois pouvoirs qui gouvernent, il y a la presse que d’aucuns qualifient de quatrième pouvoir et la société civile qui doit elle être l’émanation de la partie consciente et engagée de l’ensemble des gouvernés.
Au Sénégal, il a existé et il existe encore d’excellents journalistes professionnellement et deontologiquement bien formés sortis du CESTI et d’instituts semblables; à côté de ces hommes de l’art, il y a, comme dans tous les corps de métiers, de mauvais journalistes et de médiocres chroniqueurs sortis du lot grâce à l’audimat des émissions bidons qu’ils animent. Il arrive que que ces chroniqueurs mieux payés que les vrais journalistes se retrouvent avec des salaires faramineux grâce aux annonceurs conscients de leurs impacts sur la société de consommation. Cette subite et inespérée reconnaissance de la médiocrité nourrit perpétuellement la course à l’audimat par la recherche du « buzz » même venant de la bouche des insulteurs publics et de certains interlocuteurs à la moralité douteuse; la nouvelle mode est même de transformer, purement et simplement, ces derniers en chroniqueurs. Ainsi, se pose la question de savoir qu’est ce que la population « veut entendre »? et en toile de fond, le niveau culturel d’une frange de cette population.
Nous devons donc, pour parfaire notre démocratie, améliorer le niveau de conscientisation des masses en adoptant un nouvel ordre national de la formation et de l’information.
Pour la société civile qui, au demeurant, reste indispensable, dans son essence, à la bonne marche du pays beaucoup de ses membres sont dans un mélange de genres inextricable. Pour une partie de ce groupe, la situation est plus compliquée car il se pose le problème de son financement qui structure la dialectique de son indépendance. Elle devait être adossée au temple inexpugnable du savoir et de l’indépendance d’esprit; je veux parler des universités.