Depuis quelques années, nous assistons à un spectacle désolant, le meurtre de femmes survenant dans des situations d’une extrême violence. Comment ne pas s’offenser et se révolter lorsque la morale change de camp et rejoint celui de l’indécence, lorsque le droit semble faillir et lorsque la protection de l’être humain laisse à désirer ?
Aux dernières nouvelles, une jeune femme est décédée après avoir été rouée de coups pendant plusieurs heures par son époux mécontent de rentrer le soir et de trouver l’assiette vide. Ce drame, reconnaissons-le, survient dans un pays où l’égalité des genres peine à être reconnue et appliquée. Les rapports entre hommes et femmes s’inscrivent ainsi dans une relation de domination, l’homme se considérant supérieur à la femme et agissant comme tel à son égard.
Un repas valait-il une telle abomination ?
Ces situations malheureuses, dont la fréquence se renforce de jour en jour, doivent évidemment faire l’objet d’une politique sociale ferme et drastique tendant en un renforcement des textes pénaux et un durcissement des sanctions.
A cet effet, une réforme en profondeur des textes nationaux s’imposent à une heure où certaines associations militent pour la reconnaissance de la circonstance aggravante de la condition féminine avec un concept de « féminicide » mis en avant à l’aune de celui d’infanticide et d’homicide.
Dans notre cher pays, il est clair que la loi sur la parité, qui s’applique dans un cadre strictement professionnel, ne saurait suffire à remettre les humains dans une situation d’égalité (égalité des genres), seule arme valable contre l’arrogance et le comportant de certains hommes considérant les femmes comme des objets ou des personnes inférieures et soumises à leur seule volonté.
Ces réformes devront commencer d’abord par le Code de la famille lequel prévoit une puissance paternelle là où l’indication d’une autorité parentale serait davantage adaptée si l’on sait que la femme contribue totalement, pour ne pas dire plus, à l’entretien et à l’éducation des enfants.
En précisant, par ailleurs, dans l’article 285 du même code, que « celui qui exerce la puissance paternelle peut infliger à l’enfant réprimandes et corrections », le législateur légitime la violence dès le bas âge. Pourtant, nous savons tous que l’éducation est tout sauf une relation de violences et de domination.
Au niveau international, rappelons que notre cher pays a ratifié en 2003 le protocole de Maputo, en vigueur depuis le 25 novembre 2005 et garantissant les droits des femmes, en ce compris le droit de participer au processus politique, l’égalité sociale et politique entre hommes et femmes.
Ce balayage législatif renforce notre conviction : l’heure de réagir et d’agir a sonné et les réalités sociales se doivent de s’élever à la hauteur des évolutions de la condition humaine.
En toute objectivité, il nous est aisé de reconnaître l’existence de progrès sociaux, avec une meilleure scolarisation des filles et le vote de la loi sur la parité. Cependant, il convient de poursuivre les actions dans le sens d’assurer la sécurité des femmes et le respect dû à leur personne.
Ce n’est que dans un contexte social garantissant les droits humains, les individus naissant tous libres et égaux en droit et en dignité, que le développement social et économique pourra s’installer et se pérenniser. Bien entendu, le point d’ancrage de ce développement reste le cadre éducatif avec un nécessaire éveil des consciences, dès le bas âge, dans un but préventif.
Finalement, tout est changement comme le disait Epictète, « non pas pour ne plus être mais pour devenir ce qui n’est pas ». Si bien que le changement s’impose…
Nos sincères condoléances à la famille éplorée.
Le mouvement des femmes de
l’ACT, Alliance pour la Citoyenneté et le Travail