Ce texte est daté du 18-02-2016
Par Marguerite NDIAYE, professeur de philosophie
Monsieur Le Président,
Est-il pertinent de continuer le débat après votre décision sur la réduction du mandat ? Oui c’est pertinent parce qu’il est important pour la suite de votre cursus politique et celle de l’histoire de notre pays que vous soyez informé des avis des citoyens sur votre décision.
Cher Président, certes tous les citoyens n’ont pas la finesse d’esprit des juristes mais étant donné que « le bon sens est la chose du monde la mieux partagée », les éléments simples et essentiels du problème n’échappent point à la foule. Aussi se pose-t-elle la question si naïve que voici : pourquoi M. le Président avez- vous volontairement omis de nous montrer la condition de réalisation de votre promesse en parlant de celle-là ?
A ce propos l’honorable député M. Moustapha Diakhaté précise qu’à neuf reprises vous avez insisté sur votre promesse, sur votre engagement de réduire le mandat à cinq ans. Mais alors faut- il que ce membre de l’A.P.R. nous précise aussi combien de fois et à quel moment vous avez clairement dit que cette réalisation ne dépend pas que de vous, qu’elle est soumise à une condition, qu’elle est sous réserve.
Est-ce pour nous préparer à avaler la pilule que dernièrement tout à coup la police sémantique est secouée par certains esprits jadis brillants qui ont vainement risqué d’inventer une synonymie entre l’avis et la décision ? Et c’est justement pour tout cela que vos nombreux admirateurs apolitiques peinent à vous défendre dans cette affaire. Bref vos admirateurs sont déroutés de vous avoir plus entendu sur la réduction du mandat que sur les conditions de sa réalisation…
Par ailleurs, le courage dont vous avez fait montre au sein du PDS pour que le droit ne piétine pas l’Ethique nous a autorisés à vous demander plus qu’une simple obéissance à la loi, obéissance qui d’ailleurs dans ce cas précis a l’allure d’une soumission. On attendait cher Président que vous occupiez la place que nous vous avions réservée dans le banquet des héros c’est-à-dire ceux qui s’opposent à toute loi -même celle d’une autorité suprême- qui sacrifierait la sublime aspiration populaire à l’autel du droit.
Enfin, il nous faut bien tirer les leçons de cette situation. A ce propos la vaillante député Hélène Tine a peut-être raison de nous alerter surtout sur les conditions de réalisation de vos autres promesses : « chat échaudé craint l’eau froide » ! Et que retenir du conseil constitutionnel ? Que son rôle dans l’entreprise démocratique exige qu’on repense sincèrement et sérieusement sa recomposition-dont le problème est moins lié au nombre qu’à l’indépendance de ses membres- D’ où l’importance d’une large concertation sur les points de la réforme institutionnelle. Sinon le référendum va faire fiasco.
maguista@yahoo.fr
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