Avant propos
Les dix-huit membres de l’Association des Producteurs de Pétrole Africains (APPA) ne pèsent pas moins de 12% de la production mondiale d’hydrocarbures. En plus, 30% des découvertes de champs pétrolifères ces dernières années se trouvent en Afrique. Ce qui fait de l’Afrique un acteur important dans l’approvisionnement mondial de pétrole brut et de gaz naturel. La liste des pays producteurs va se rallonger dans les années à venir.
Mais comment se glorifier de cette rallonge quand des citoyens de pays importateurs vont jusqu’à prier pour que du pétrole ne soit jamais découvert chez eux ? La raison, leur ferme croyance en la «malédiction du pétrole». Il est évident que les graves accidents liés à l’extraction et à la manipulation des hydrocarbures et souvent dus au manque d’information de nos populations font peur.
D’autre part, les gisements d’hydrocarbures, les oléoducs et les stations de pompage à la limite des habitations et des sources d’approvisionnement en eau maintiennent les populations du Delta du Niger dans une situation de danger permanent. De même, les déversements d’hydrocarbures et la combustion de torchères détruisent l’écosystème et appauvrissent ces populations. Cette situation est à l’origine des conflits armés qui perdurent dans la région. Ajouté à cela le fait que l’exploitation de ces ressources semble profiter plus aux compagnies étrangères, convaincre du contraire les tenants de la thèse de la malédiction du pétrole ne sera pas un exercice aisé.
Notre argumentaire repose sur la géopolitique et la géostratégie du pétrole et sur l’analyse de la gouvernance des pays producteurs. Pour ce faire, nous abordons les facteurs précurseurs de désordre social afin d’éviter d’attribuer les conflits issus de ces facteurs aux hydrocarbures. Les rivalités ethniques sont bien antérieures à l’exploitation pétrolière. Le pétrole peut les attiser ou les soulager temporairement en fonction de l’utilisation faite des recettes pétrolières. Nous cherchons à améliorer l’information sur la genèse du pétrole brut, son exploration et son exploitation, le raffinage, le transport et le stockage. Toutes ces opérations étant à haut risque d’accident et d’agression de l’environnement, le lecteur disposera d’une accidentologie fournie sur la sécurité des opérations et la sûreté des installations. Les bonnes pratiques pour la transparence dans l’octroi des permis de recherche et concessions pétrolières seront également abordées. La réflexion sur la stratégie d’augmentation des recettes des pays africains producteurs de pétrole précède les propositions pour mieux gérer la manne pétrolière. Le titre du livre renvoie à la situation des pays de l’APPA mais le Sénégal s’apprête à intégrer le cercle des pays producteurs d’hydrocarbures à la lumière des découvertes des compagnies Cairn Energy et Kosmos Energy. Nous analyserons alors le cas : le Sénégal, futur pays pétrolier.
L’indulgence du lecteur est sollicitée pour le «favoritisme patriotique», et non chauvinisme, consistant à traiter du cas de notre Pays qui n’est pas encore exportateur de pétrole. Le pétrole brut est chez nous mais nos populations sont peu ou pas formées sur les risques liés à l’inflammabilité et la toxicité des produits dérivés. En plus, la production est assurée par des compagnies étrangères et notre environnement est agressé. Les intellectuels africains sont activement interpellés. Le livre que vous avez sous les yeux est notre réponse à cette interpellation.
Bonne lecture!
Biographie
Jean NDIAYE a démarré sa carrière professionnelle à la Radio-Télévision Sénégalaise avant de rejoindre France Télécoms TRANSPAC FORMATION CONSEIL Paris ensuite le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD). Ingénieur de l’Institut National des Postes et Télécommunications de Rabat (Maroc) et de l’École Nationale Supérieure des Mines d’Alès (France), il est également titulaire du DEA en Ingénierie des Organisations de la Faculté d’Économie Appliquée d’Aix-Marseille III et du Masters en Informatique de l’Institut Système et Intelligence Artificielle d’Aix-en-Provence.
En plus de sa formation académique, Monsieur NDIAYE a suivi des stages pratiques aux United States Télécommunications Training Institut (USTTI) de Washington DC et à IFP Training de l’Institut Français du Pétrole (IFP) de Paris. Actuellement il collabore avec la filière Ingénierie Pétrolière de l’Université Polytechnique de l’Ouest Africain (UPOA) de Dakar et enseigne à l’Institut des Sciences de la Terre (IST) de l’UCAD.