La météo politique du Sénégal, vient d’annoncer de nouvelles secousses dans le landerneau politique de notre pays. Un vent politique d’une rare violence, va bientôt fouetter nos écuries politiques, et engendrer dans la foulée, d’énormes dégâts collatéraux dans tous les compartiments de notre République. Et c’est le chef de la diplomatie américaine, Anthony Blinken, qui semble être le détonateur de cette secousse politique tellurique, aux victimes multiples.
Tenez-vous bien! Anthony Blinken, a effectué un séjour au Sénégal, le 20 novembre 2021. Un bref séjour en apparence, au cours duquel, il a eu un long entretien avec le président Macky Sall. Trois jours après le départ du Sénégal, du diplomate américain, Macky Sall a procédé à un vaste chamboulement de la magistrature de notre pays. Des affections, des nominations, des mutations tous azimuts, sont opérés dans les rangs de nos magistrats. Un vaste mouvement, qui a été perçu aux yeux de l’opinion commune, comme un simple coup de balai, un remue-ménage, en somme, un non évènement. Parce que relevant du cours normal du fonctionnement de nos institutions.
Néanmoins, pour les observateurs avisés de la scène politique sénégalaise, ce chamboulement de premier ordre du principal pilier de notre institution judiciaire, est plutôt l’expression d’une volonté affichée, de la part de Macky Sall, d’amorcer un véritable rapprochement avec l’une des victimes politiques de son régime, en l’occurrence Karim Meissa Wade. Une hypothèse d’autant plus plausible, que de nombreux magistrats, qui avaient été mis au frigo, parce qu’assumant des positions qui ramaient à contre courant de celles de la Cour de Répression de l’Enrichissement Illicite (CREI), dans le cadre du dossier politico-judiciaire de Karim Wade, sont désormais de retour aux affaires.
Et, cerise sur le gâteau, les États-Unis d’Amérique, les principaux bâtisseurs de cette passerelle des retrouvailles entre Wade-fils et l’actuel locataire du palais de la République, sont aujourd’hui, les grands parrains politiques du Qatar. Le richissime émirat du golf, qui héberge Karim Wade, sur son sol depuis 2016, date de son élargissement de prison. A défaut donc de tordre le bras au président sénégalais pour qu’il accède à sa volonté de voir Karim Wade rétablit dans ses droits civils et politiques, Doha peut, à présent, s’appuyer solidement sur le précieux soutien de son puissant allié américain pour réaliser son projet d’installer le fils de Wade à la tête du Sénégal.
L’autre déclaration publique du président Macky Sall, et non des moindres, qui présage explicitement d’un rapprochement entre le promoteur et théoricien de la génération du concret et le président Sall, c’est bien entendu l’annonce en grandes pompes, du retour imminent du poste de Premier ministre dans l’architecture institutionnelle du Sénégal. Contrairement aux conclusions hâtives, tirées par une certaine presse, faisant état d’un choix qui sera porté sur un profil, issu des rangs de l’APR pour occuper le fauteuil de Premier ministre, ce poste va, du point de vue de la realpolitik, échoir à Karim Wade lui-même ou, dans une certaine mesure, à un proche de celui-ci. Il suffit pour s’en convaincre, de se référer au contenu du message, délivré par le chef de l’Erat, à la délégation du Cadre unitaire de l’islam au Sénégal (CUIS).
En effet, au cour de l’audience qu’il a accordé hier, aux membres du CUIS, le président Macky Sall, a laissé entendre, qu’il est dans des dispositions de discuter un agenda d’amnistie dans le cadre des dossiers de Khalifa Sall et de Karim Wade. Cette affirmation, pour le moins inattendue du président Sall, loin d’être fortuite, sera, à coup sûr, inscrite et arrimée dans un agenda beaucoup plus global, de la stratégie de réhabilitation politique et du retour aux affaires de Karim Wade. Autant vous affirmer qu’une véritable résurrection politique est en train de s’opérer sous le regard voilé du peuple. Le rendez-vous électorale de 2024, demeure certes une date lointaine au regard de notre perception du temps agissant. Mais, Macky Sall est un scientifique qui porte souvent des lunettes de Philosophe. Lesquels philosophes ont souvent admis, à coup de renforts d’arguments, que pour les esprits alertes: demain se décide forcément aujourd’hui.