Le ton ne cesse de monter et l’écart ne cesse de se creuser entre le président de la République et le médiateur de la République. Macky Sall et Alioune Badara Cissé se livrent une guerre ouverte. Dans ce combat par militants interposés, tous les coups semblent être permis. Les conditionnels du chef de file de l’Apr répondent frontalement aux attaques frontales d’ABC et de ses partisans.
Pourtant ils ont intérêt à fumer le calumet de la paix. Aucun ne prendra l’initiative de franchir en premier le Rubicon et de rompre la relation aussi compliquée soit-elle, à sept mois de l’élection présidentielle, dont le 1e tour est fixé au 24 février 2019.
En effet, il serait suicidaire pour le président Macky Sall, candidat à sa propre succession de lapider et de se débarrasser de son ancien bras droit. Il scierait une branche non négligeable de son parti s’il venait à rompre définitivement avec le responsable de son parti à Saint-Louis.
ABC sait donc que, quelque soit le degré de divergence entre lui et le Chef de l’Etat, il est intouchable pour le moment. Il conservera son poste de médiateur de la République jusqu’au terme de son mandat, et en plus, il restera toujours dans l’Apr. Le scrutin présidentiel à venir constitue pour lui une assurance tous risques.
Néanmoins, il n’a pas intérêt à trop tirer sur la corde. Il a perdu de sa superbe depuis qu’il est tombé en disgrâce aux yeux du président Macky Sall qui l’a rétrogradé dans la hiérarchie apériste, le faisant passer de général en second à simple militant.
«Est-ce que je suis candidat, je n’en sais rien du tout. Rien ne fait obstacle à ma candidature. Rien ! Je suis citoyen sénégalais, j’ai plus de 35 ans, je sais lire et écrire en français. J’ai les mêmes droits que Macky Sall, Ousmane Sonko, Idrissa Seck», dit-il dans un entretien accordé à L’Observateur. Certes il a tous les droits, mais il lui sera très difficile de se faire une place sous le soleil en dehors de l’appareil de l’Apr.