Mame Mbaye Niang, ministre du tourisme: aujourd’hui on a une croissance de 7% qui se répercute sur le vécu des Sénégalais

Eco-Finance

Walf Quotidien: C’est bientôt la présidentielle,  hormis les chantiers du régime sortant que vous avez achevés et inaugurés. Quel autre bilan avez-vous à proposer aux Sénégalais?

Mame Mbaye Niang: On est dans la continuité de l’Etat. Naturellement il y a des chantiers qu’on a inaugurés mais il faut aussi constater que tous les secteurs qui concernent la vie des Sénégalais sont améliorés. D’autres chantiers ont été démarrés et même finalisés. Ils seront inaugurés avant la campagne électorale pour être conforme avec les engagements que notre candidat avait pris devant le peuple Sénégalais. Aujourd’hui, il est de notoriété publique qu’on a hérité d’une situation économique où la croissance était de 1,4%. Aujourd’hui, nous parlons de 7%. Il faut reconnaître que cette croissante se répercute sur la vie des Sénégalais. Combien de Sénégalais ont accès à l’eau potable, à l’électricité ? Combien de Sénégalais sont pris en charge sur le plan médical. Combien de milliers de cultivateurs ont vu leur production doublée ou même quadruplée. Notre coalition et notre candidat ont un bilan honorable.

Vous parlez d’une croissance de 7%, de milliards alors que tout le monde se plaint. Le secteur social est  d’ailleurs en ébullition avec les grèves des enseignants, des médecins…

Commençons par les enseignants. Dites-moi le salaire d’un enseignant en 2012  et comparez-le avec celui de 2018. Vous verrez que son pouvoir d’achat a substantiellement été augmenté pour deux raisons. Dans un premier temps, il y a eu la réduction sur les revenus. Dans un deuxième temps, le coût du loyer a été diminué. Et cela qui a impacté sur l’ensemble des consommateurs et enfin l’inflation a été maitrisée.

Mais la loi portant sur le loyer n’a pas bien été encadrée

En un moment donné le loyer a baissé. C’est une évidence que tout les Sénégalais peuvent vérifier. Cette loi a imposé aux bailleurs de réduire le coût du loyer.

Mais ils l’ont contourné et l’Etat n’a rien fait

Ce n’est pas que l’Etat n’a rien fait. Il peut y avoir des problèmes sur le suivi. Constatez avec moi que les salaires ont augmenté. Des travailleurs du privé ne paient plus certains impôts.

Les enseignants ont décrété une semaine morte

Je suis un des membres fondateurs du Syndicat des cadres des aiguilleurs du ciel du Sénégal, mais chacun s’organise en fonction de sa corporation pour une amélioration de sa situation. Lorsqu’on parle de croissance, chacun veut prendre sa part. C’est normal que les gens portent des revendications, surtout en année électorale où on pense que les gouvernants sont dans une dynamique de reconquête du pouvoir. Celui qui parle objectivement sait pertinemment que les travailleurs au Sénégal ont eu des avancées.

Mais le Sénégalais lambda semble être oublié

C’est parce que nous tenons compte de ces Sénégalais que nous ne pouvons pas régler le problème de tous les travailleurs. Il y a des programmes pour améliorer la vie de ces Sénégalais. Au minimum 50% de notre population est composée d’agriculteurs et ils n’ont pas de syndicats. Les 400 mille familles qui bénéficient de la bourse de sécurité familiale n’ont pas d’organisations. 400 mille familles, c’est des milliers et des milliers de Sénégalais. Il faut  tenir compte de ces Sénégalais qui n’avaient pas accès à l’eau. Il faut tenir compte de ces Sénégalais qui ne pouvaient pas se soigner et tenir compte de ces Sénégalais qui vivaient dans des zones enclavées.

Mais ces bourses dites de  sécurité sociale sont destinées à la clientèle politique

Ceux qui animent ce genre de débat sont dans leur rôle. Ils s’opposent. En 2012, il y avait 100 mille familles qui avaient bénéficié de ces bourses sociales. C’est grâce à la bonne tenue de l’économie et à la volonté manifeste d’orienter les choix économiques vers ces populations qui ont permis de porter le nombre de bénéficiaires à 400 mille ménages.

N’est ce pas là un aveu d’échec avec le taux de ménages pauvres qui a quadruplé

En 2012, notre économie ne pouvait supporter que 100 mille ménages sur 1 million de ménages pauvres. Les finances publiques ne pouvaient venir en assistance qu’à 100 mille familles à cette époque. Avec la bonne tenue de nos finances et ce taux de croissance de 6,7 qui tend vers 7%, cela va nous permettre de prendre 300 autres familles. Cette bonne croissance que des gens essayent de dénigrer, nous a permis de soutenir 400 mille familles. La pauvreté n’a pas augmenté mais elle a plutôt reculé. Et les perspectives du Plan Sénégal Emergent (Pse) vont nous permettre de soutenir ces 400 mille ménages à sortir de la pauvreté. Il faudra continuer et maintenir ce cadrage macro économique aux exigences de ces 120 mille fonctionnaires qui cherchent à améliorer leur quotidien.

La croissance est tirée par la création d’emplois mais depuis 2012 on n’a pas observé la présence des grandes industries

Il faut comprendre que la croissance implique plusieurs paramètres. On dit que la majeure partie de la population sénégalaise est constituée d’agriculteurs. Il est aujourd’hui de notoriété publique que la production agricole a été multipliée par 4. On avait fixé l’autosuffisance alimentaire en riz pour 2017. C’est-à-dire arriver à produire 1,5 millions tonnes. On n’est pas arrivé à cette production record mais à 950 mille tonnes. Quand on a  350 mille tonnes de production en 2012 pour arriver à 950000 tonnes, c’est parce qu’il y a eu un travail technique et une volonté politique qui ont permis d’arriver à cette production.

Pour l’arachide la production était de 250 mille tonnes, on ne pouvait même pas régler le problème de la Suneor qui a la capacité de traiter 400 mille tonnes. Aujourd’hui, nous sommes à 1 million 400 mille tonnes. L’énergie qui est l’un des fondements d’une bonne politique économique a été complètement réorganisée. Cette croissance n’est pas de l’imagination. Ce sont des faits qu’on peut voir et analyser.

Mais on a comme l’impression que ce sont les entreprises étrangères qui bénéficient de cette croissance

Une impression est différente de la réalité. Ce qui est vrai c’est que le privé sénégalais qui est en train de se battre. La réalité est qu’à chaque fois qu’on fait appel à l’expertise internationale c’est parce que nos entreprises n’ont pas la capacité de le faire. On nous reproche de faire le Ter pour régler le problème de la mobilité urbaine avec les Français, mais est ce qu’il y a en Afrique un pays qui a les capacités en technologie de faire. Pour le moment, nos privés se battent à être dépositaires de cette technologie. La Chine qui peut être assimilée à la première économie au monde achète des Airbus en France. Le gouvernement devait accompagner le privé à s’améliorer et à faire face aux exigences du marché. En plus, le gouvernement est financé sur la base de prêts, d’organisations ou de coopération. Un pays comme la France, s’il vous octroie cette aide budgétaire ou cette appuie à financer un de vos projets, c’est normal que dans les closes qu’on puisse voir «Je t’aide mais tu dois aider mes entreprises». C’est cela la réalité du marché.

Mais parfois le coût de ces marchés est exorbitant

A part les institutions financières, les bailleurs sont des pays. Lorsque la France, à travers l’Agence française de développement (Afd), décide d’aider le Sénégal sur sa politique d’infrastructures ce sont des dons, des prêts concessionnels. En retour, ce sont les entreprises de ce pays en collaboration avec le privé sénégalais qui vont le réaliser. Les français ne vont jamais accepter de financer un projet qui sera réalisé par une entreprise d’un autre pays étranger. Ce sont des règles qu’on a trouvées sur place.

L’ancien Pm Abdoul Mbaye doute des chiffres avancés dans l’agriculture. Il dit n’avoir pas constaté l’augmentation des surfaces cultivables pour augmenter la production

S’il le dit c’est sa position.

Il connaît beaucoup de choses pour avoir été le Premier ministre du président Macky Sall

Il ne connaît pas suffisamment les choses. Parce que s’il était animé d’une bonne foi, il comprendrait que les productions peuvent être multipliées par 4 sans pour autant augmenter les superficies. Parce que là, on raisonne à partir de rendement. Le rendement dans la culture de l’arachide était de 0,8 tonnes par hectares. Aujourd’hui, on en est à 1,4 pour l’arachide parce que des moyens substantiels ont été injectés dans la sélection des graines et dans la mécanisation. Il faut être de mauvaise foi pour ne pas comprendre que la stratégie ne consistait pas à augmenter les superficies cultivables mais la stratégie consistait à optimiser.

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