Le combat idéologique est un marqueur de l’identité de Gauche au Sénégal comme c’est le cas principalement en Amérique latine. Cependant, la Gauche sénégalaise refuse le dogmatisme. Dans cet entretien accordé à WalfQuotidien à la suite de l’appel à l’unité de la Gauche, Massirin Savané, membre du Secrétariat général de And Jëf et chargé de la communication de la Confédération pour la démocratie et le socialiste (Cds) qui regroupe les partis de Gauche, affirme qu’il va falloir revisiter les concepts pour ne pas tomber dans les dogmes.
WalfQuotidien: Dans l’Appel des 21 partis de la Gauche sénégalaise, il est dit que l’unité de la Gauche est une urgence, un impératif catégorique. N’est-ce pas utopique de penser à rassembler tous les partis de Gauche ?
Massirin SAVANE: L’unité est un objectif à moyen terme mais sur le chemin de cette forme d’organisation compacte, il y’a une multitude de modalités de prise en charge des besoins de Gauche au Sénégal. Notre objectif à court terme est d’aboutir à une plateforme inclusive des partis, organisations et individualités de Gauche avec trois exigences pour délimiter le périmètre : la défense de la forme républicaine et démocratique de l’Etat, la laïcité et le panafricanisme. Nous pensons que cela est possible car il y’a eu beaucoup de capitalisation des expériences de regroupement de nos différents partis dans le passé au Sénégal. Nos partis et organisations frères d’Amérique latine sont bien arrivés se regrouper. Analysez l’expérience du MAS en Bolivie avec Evo Morales ou même Lula qui est revenu au pouvoir au Brésil.
C’est quoi la finalité de ce regroupement de cette gauche plurielle ?
La finalité est évidemment la conquête démocratique du pouvoir pour répondre au besoin de Gauche dans le pays.
Si c’est la conquête du pouvoir, c’est sera après 2024 ou bien?
Je précise que bien que nous devrions discuter des questions qui agitent la société Sénégalaise, notre objectif de conquête du pouvoir n’est pas rivé sur l’élection présidentielle de 2024. Notre objectif intermédiaire est de créer un socle organisationnel des partis de Gauche pour impacter sur l’évolution socio-économique et politique du Sénégal.
La Gauche est considérée comme un faiseur de roi, Pensez-vous faire plus que cela ?
Justement le faiseur de roi veut à présent être Roi car les différents capitaines de la Gauche ont capitalisé beaucoup d’expériences et ont compris que les dispersions et les luttes de lignes sont inopérantes et que il n’ya pas d’alternative à l’union autour des idéaux que nous défendons tous.
Pensez-vous pouvoir réconcilier le Ps et l’Afp signataires du document ?
Pourquoi vous focalisez-vous sur le Ps et l’Afp? Ces deux partis ne sont-ils pas membres de Benno Bokk Yakaar où ils travaillent avec les libéraux depuis 12 ans? Les animateurs de ces deux partis ne viennent-ils pas du même moule ? Je croyais qu’il était encore plus difficile à And Jëf, mon parti, de travailler avec le Ps avec lequel il a ferraillé plus de 40 ans. Et pourtant Benno avec Tanor fut une réalité en 2012.
La Gauche sénégalaise est toujours dans le combat idéologique. N’êtes-vous pas en déphasage avec le peuple sénégalais ?
Le combat idéologique est un marqueur de notre identité de Gauche. Ceux qui parlent de la mort des idéologies sont pour le statu-quo. Dans n’importe quelle société, dès qu’il y a POUVOIR, il y’a CLASSE. A ce jour, la Lutte des classes reste encore le meilleur instrument de lecture des forces antagoniques aux progrès d’une société y compris celle Sénégalaise. Il va falloir cependant revisiter pour réactualiser les concepts de Gauche et éviter de tomber dans les dogmes que Mao Tsé Toung qualifiait d’être moins utiles que la bouse des vaches qui sert à faire de l’engrais.