Mort de l’étudiant Mouhamadou Fallou SENE: Lettre ouverte à Son Excellence, Monsieur Macky Sall, Président de la République du Sénégal

Contribution

Moustapha Mbaye  
Enseignant Chercheur / Membre de l’APR
Monsieur le Président, depuis un certain temps nos universités renouent avec des cycles de violence répétitifs ; cela suite aux évènements survenus à l’Université Gaston Berger de Saint Louis, ce mardi 15 mai 2018 ayant conduit à la mort de l’étudiant Mouhamadou Fallou SENE.
Nous voudrions nous incliner pieusement devant la mémoire de cet étudiant disparu.  Qu’Allah, Le Tout Puissant, l’accueille au Paradis et donne à sa famille, à son épouse éplorée, à son enfant jeune orphelin, la force et la volonté de traverser ces moments douloureux.
Monsieur le Président, la recrudescence de la violence dans les universités provoque sans nul doute une ébullition du front social.

Cela a une incidence négative sur l’apaisement du climat social qui est un facteur essentiel dans la maturation et la consolidation de notre démocratie en marche. L’apaisement du climat social est incontournable dans un contexte de veille d’élections majeures.
Monsieur Le Président, au regard de la Réforme et des réalisations, nos universités avaient connu des avancées notables et un apaisement consolidé.

Le Ministre de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation a réussi à mettre en forme votre vision de l’enseignement supérieur ; ce qui devrait beaucoup apporter dans votre bilan de 2012 à 2019. Ce bilan qui a un double objectif : d’abord informer les sénégalais de ce qui a été fait jusque-là c’est-à-dire se conformer à ce devoir de rendre compte aux citoyens sénégalais ; ensuite par voie de conséquence convaincre les sénégalais à vous réélire pour un second mandat au soir du 24 février 2019.

Monsieur le Président, la question légitime est : Pourquoi la violence germe ou regerme –t-elle dans ce secteur stratégique où on avait noté une cure placée sous le sceau de la stabilisation et de la créativité ?
Monsieur le Président, à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, les bourses ont tardé plongeant ainsi les étudiants dans une situation d’insécurité et de risques d’inanition. Ces étudiants étaient à bout de nerf et leur colère à fleur de peau d’autant plus que quelques jours auparavant une décision ferme et unilatérale avait été prise par les autorités universitaires (le Recteur, le DG du CROUS) pour mettre fin aux traditionnelles journées sans tickets. Pour maintenir cette situation de contrainte, ces dites autorités ont fait appel aux forces de l’ordre.

Ainsi cellesci ont transgressé les franchises universitaires pour obliger les étudiants à payer le ticket du restaurant. Nous convenons tous qu’il est obligatoire d’instaurer ou de restaurer la règle, la loi quand elle est bafouée. En revanche, en temps d’accalmie et de moindre incident, les franchises universitaires devraient-elles être transgressées jusqu’à ce que des gendarmes soient mis aux portes des restaurants ?
D’autre part, fallait-il que les étudiants aillent au front, qu’il ait eu un des leurs qui y trépasse pour que les bourses commencent à être payées ?  Les forces de l’ordre étaient surement mises en minorité et submergées par cette foule d’étudiants en furie. Mais cela doit- il justifier leur repli stratégique jusqu’au croisement de Bango distant d’au moins de 4 kilomètres ?

Ce repli, si stratégique soit-il, a permis aux étudiants d’exprimer de manière irréfléchie leur vindicte en mettant à sac les édifices universitaires, en l’occurrence, le Rectorat, l’Agence Comptable, la Direction du Centre Régional des Œuvres Universitaires de Saint Louis et j’en passe.

Cette vague de furie a orchestré le pillage et le vol de beaucoup de matériel et  d’équipements trouvés dans ces locaux.
Ce repli, si stratégique des forces de l’ordre, a « autorisé » la marche des étudiants sur 4 kilomètres  – jusqu’à Ngalléle-  pour piller et saccager des biens privés notamment le domicile du Professeur Mary Teuw NIANE,  Ministre de l’ l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation.
Monsieur le Président, ce repli si stratégique des forces de l’ordre, n’est-il pas une faille dans leur mission de maintien de l’ordre public ?
Monsieur le Président, nous pensons que s’il est autorisé que des forces de l’ordre transgresse les franchises universitaires pour exiger que les étudiants paient le ticket du restaurant, ces mêmes forces de l’ordre devraient rester et maintenir la paix et la sécurité des personnes et des biens en cas d’hostilités.

Leur repli a été fatal à l’université qui, aujourd’hui, est en larmes. Oui, l’Université Gaston Berger pleure son fils disparu mais pleure aussi pour tous ces efforts et sacrifices consentis qu’elle voit se consumer comme paille au feu. Ce temple du savoir est en lambeaux, l’excellence l’a déserté, l’intelligence s’y réduit à la force du muscle.
Monsieur le Président, en sus de cela, nos universités sont aujourd’hui très politisées. Le vivier politique national y trouve son répondant direct ; toutes les obédiences et parties politiques s’y côtoient dans un esprit de rivalités et de concurrence incontrôlées. La politisation à outrance de l’espace universitaire est un facteur déterminatif dans la répétition et l’évolution des grèves.

Nous n’avons pas une opposition républicaine ; tant que le pays s’embrase et sombre dans la violence, les opposants rient sous cape et jubilent. Tout dans leur attitude- ce verbe hautain et arrogant, cette verve féconde en pirouettes malsaines, ces galipettes élucubristes et hâtives- démontre à suffisance que le pays ne les intéresse pas, que seul le pouvoir les obsède et les obnubile. Beaucoup d’opposants dans l’optique d’élargir leur base politique fréquentent assidument les campus universitaires et leurs discours sont toujours incendiaires.

Monsieur le Président, dans ces situations de crise, l’équipe gouvernementale doit être plus que jamais unie par une fraternité d’équipe. Ces membres du gouvernement l’ont-ils été ? Oui.  J’admire la promptitude des uns à faire sien cet esprit d’équipe et à aller au front pour défendre le gouvernement et les ministres directement impliqués.

Par contre, d’autres, à défaut de parler ont mis à  contribution leurs marionnettes pour vouer aux gémonies via les réseaux sociaux le Ministre de l’Enseignement Supérieur de la Recherche et de l’Innovation en exigeant sa démission ou son limogeage du gouvernement. Pourquoi, au chaud de la crise, vouloir sa tête alors que les responsabilités ne sont pas encore situées. C’est une machination hypocrito-comique que l’on comprend à merveille.
Il y a aussi dans le gouvernement une bataille de positionnement qu’il faudrait juguler au risque de causer beaucoup de dégâts. Certains membres du gouvernement atteint d’une boulimie pouvoiriste, au-delà des départements à eux, confiés voient plus haut des stations où ils seraient plus en vue s’ils ne sont pas  premiers. Ceux-là pouvoiristes invétérés spéculent au-delà du deuxième mandat et se voientt déjà président après Macky. Ces objectifs précocement nourris installent une guéguerre dans le gouvernement.
Par ailleurs, Monsieur le Président, le Professeur Mary Teuw NIANE est devenu une force politique incontournable à Saint Louis dont le seul et ultime objectif  est de vous réélire en 2019 au premier tour. D’ailleurs, pour les deux dernières fois où vous êtes venus à Saint-Louis, en mars 2017 et en février 2018, les partisans et militants du Pr. Mary Teuw Niane ont fait montre d’une grande mobilisation pour vous accueillir.
Les dernières élections législatives ont été un baromètre très fort pour les échéances à venir notamment les prochaines élections présidentielles de 2019. Chaque acteur politique devrait en faire une lecture politique objective aux fins de bien préparer ces joutes électorales de février 2019.C’est ce que le professeur Mary Teuw  Niane essaie de faire dans le département de Saint-Louis en investissant tous les coins et recoins où le Benno Book Yaakar a été laminé.

Cette volonté de bien faire en cherchant à inverser la tendance aux prochaines élections lui vaut la malchance d’être érigé en cible à abattre par des hommes politiques de cette même coalition. Ces hommes imbus d’un ego surdimensionné pensent être ‘’les patrons’’ alors qu’ils devaient raisonner en termes de responsables et d’équipe. Je crois que dans cette dynamique d’équipe et de complémentarité  la coalition fera un grand bon aux prochaines élections présidentielles.

A défaut, en creusant un fossé, pour l’autre on creuse sa propre tombe. Si cette situation de guéguerre perdure que cela soit à Saint-Louis ou ailleurs la coalition risque d’engranger de tristes scores aux élections présidentielles et vous ne le méritez nullement. Monsieur le Président, en patriote ;  je tenais à participer à ce devoir d’information et d’éclairage des faits pour que plus jamais cela ne se reproduise dans nos universités. C’est un sacerdoce citoyen. Respectueusement à Son Excellence, Monsieur Macky SALL, Président de la République du Sénégal.

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