Mamadou Moustapha Bâ, ministre des Finances et du Budget a déclaré ce mardi, lors de la Journée de Diffusion des Comptes Extérieurs du Sénégal: «Depuis quelques années, la balance des paiements du Sénégal reflète l’impact des investissements déployés pour le développement des projets pétroliers et gaziers ainsi que les conséquences des multiples chocs sur l’approvisionnement mondial en produits énergétiques et alimentaires, dans un environnement caractérisé par des tensions géopolitiques internationales. Elle reste également marquée par le resserrement des conditions financières sur les marchés des capitaux étrangers. Dans ce contexte, le solde global de la balance des paiements du Sénégal est ressorti déficitaire de 62,2 milliards en 2022 après un excédent de 142,2 milliards en 2021. Cette évolution est principalement attribuable à un déficit du compte courant plus élevé qui n’a pu être compensé par les entrées de capitaux.
Le déficit commercial a fortement augmenté pour s’établir à 3.010,1 milliards, du fait principalement des importations de produits pétroliers et alimentaires, impactées par la flambée des cours mondiaux consécutive au conflit russo-ukrainien. Le niveau des importations est également tiré par celles des biens d’équipements, notamment les matériels de transports et les machines et moteurs. Il convient de relever le comportement positif des exportations avec une structure de plus en plus diversifiée et une progression de 22,5% comparée à 2021.
Le déficit du compte des services a augmenté de 10,9% pour atteindre 1.530,6 milliards, principalement dû à la hausse des coûts du fret et des autres services aux entreprises, notamment dans le secteur des hydrocarbures. Cependant, une reprise a été notée dans le secteur touristique après les restrictions liées à la Covid-19. Les comptes extérieurs 2021 font également ressortir une forte résilience des transferts des migrants qui affichent une progression de 4,8% à 1.700,8 milliards, soit 9,8% du PIB. Des réflexions sont en cours pour mieux organiser ses ressources pour leur orientation vers l’investissement productif, en toute sécurité.
Au total, le déficit courant a pu être notablement couvert par des entrées de capitaux, notamment les investissements directs étrangers, les ressources mobilisées sur le marché financier sous-régional et les concours financiers accordés aux opérateurs économiques résidents sous forme de crédits commerciaux. Cette performance traduit l’attractivité de l’économie sénégalaise qui continue à bénéficier de la confiance des partenaires extérieurs.
Pour l’année 2023, les projections de la balance des paiements reflètent la décélération des prix internationaux des matières premières, la poursuite du resserrement des conditions financières internationales et une croissance économique interne relativement modérée. Ainsi, il est attendu une réduction sensible du déficit du compte courant et un niveau soutenu d’entrées de capitaux. Cette dynamique devrait se maintenir en 2024, avec le démarrage de la production des gisements de pétrole et de gaz. Il en résulterait une baisse drastique du déficit courant.
La dynamique de la balance des paiements que je viens de retracer nous engage à consolider nos politiques économiques, à accentuer les réformes structurelles pour assurer la stabilité et la croissance de notre économie. A cet égard, je souligne les avancées significatives réalisées grâce au Plan Sénégal Émergent (PSE), une feuille de route pour l’émergence initiée par le président de la République du Sénégal. Alors que nous nous préparons pour la troisième phase (PAP 3) du PSE dès 2024, il est essentiel de souligner son rôle catalyseur pour des changements notables dans notre pays. Au cours des phases 1 et 2 du PSE, nos investissements ont connu un rythme soutenu, jamais égalé auparavant. Cette impulsion, fruit d’un renforcement des capacités de mobilisation de ressources, internes et externes, a stimulé notre croissance et permis de répondre aux besoins sociaux pressants. Résultat : une croissance du PIB réel de 6,5% en moyenne sur 2014-2018 et de 4,2% sur 2019-2023. Même en 2020, alors que la Covid-19 a plongé de nombreuses économies mondiales en récession, le Sénégal a maintenu une croissance de 1,3%, grâce aux mesures audacieuses du Programme de Résilience Économique et Sociale (PRES).
Au total, cette dynamique de création de richesses a entraîné une croissance annuelle moyenne de 5,6% entre 2014 et 2023. En anticipant la phase 3 du PSE, nous nous engageons fermement à poursuivre cette dynamique positive. Dans cet élan, nous ciblons également un rééquilibrage des soldes de la balance des paiements, afin de renforcer notre position sur la scène économique internationale. Cette démarche implique une consolidation budgétaire, visant à optimiser nos ressources et à garantir une meilleure efficacité dans nos dépenses publiques. En renforçant ainsi notre base économique, nous pourrons faire face aux contraintes de financements extérieurs, dans un contexte mondial changeant, et internes, sur le marché financier régional. Cette consolidation budgétaire contribuera non seulement à maîtriser notre endettement, mais aussi à maintenir notre appréciation positive auprès des agences de notation, renforçant ainsi la confiance de nos partenaires au développement».