Par Prof Mary Teuw Niane
Le Président de la République arrive aujourd’hui à Kédougou pour y tenir un Conseil présidentiel. Toute la République a déménagé dans la belle région aurifère de Kédougou. Le Président va rendre le pouvoir le 2 avril prochain.On peut alors penser que l’objet de sa visite est de dire adieu aux populations, les remercier et jeter un dernier coup d’œil sur ses projets inachevés. Malheureusement le Président de la République, Président de la coalition au pouvoir, vient en manageur de BBY, décidé coûte que coûte, vaille que vaille, à imposer son poulain à la tête de l’État.
Le Président est tellement omniprésent que nous n’avons plus aucun doute que c’est à son double, à son clone qu’il cherche à passer la main. En fait, ne nous prépare-t-on pas un changement à la Poutine-Medvedev? Demain, il fera jour ! Dans tous les cas, le Président arrive dans une région riche en or. Les populations qui voient les lingots d’or quitter par les airs leur terroir pour des destinations inconnues, vivent dans l’extrême pauvreté et dans une grande frustration.
Les jeunes chôment. Les enfants n’ont pas assez d’écoles et la région de Kédougou ne bénéficie pas d’une infrastructure scolaire à niveau. Le système de santé est largement en dessous des normes de l’OMS. Le mercure et les autres produits chimiques utilisés dans l’exploitation artisanale des mines d’or polluent les cours d’eau et les terres. La région de Kédougou nichée aux flancs de la montagne du Fouta Djalon est une terre magnifiquement dotée par la nature en ressources naturelles comme en ressources extractives.
Cependant aucune transformation ne se fait surplace. L’agriculture et l’élevage demeurent rudimentaires et peu productives. Les vaches bédik sont sans aucun doute les plus belles vaches du Sénégal. Le tourisme est presque inexistant dans cette région qui est un don de la nature. Le plus paradoxal, le plus affligeant est cet or, produit dans la région de Kédougou, qui disparaît comme sous l’effet d’une fée maléfique.
Où est passé l’or de Kédougou ?
Nos bijoutiers n’arrivent plus à trouver de l’or dans un pays producteur d’or. Ils sont obligés, au risque d’aller en prison, d’acheter des bijoux, des colliers et des bracelets à des personnes qui ne sont pas toujours toutes honnêtes. Ce sont ces parures qu’ils fondent pour fabriquer de nouvelles parures. Certaines personnes privilégiées bénéficient de licences qui leur permettent d’acheter l’or à Dubaï, des bijoux, des bracelets et des colliers au Maroc et en Turquie au détriment de nos bijoutiers dont le métier est en voie de disparition. Et même au détriment de notre patrimoine culturel qui petit à petit est remplacé par les parures turques ou marocaines.
L’or du Sénégal est introuvable au Sénégal ! Qui jouit sans mesure et retenue de notre or? Qui nous empêche d’avoir le plus petit comptoir d’or chez-nous au Sénégal ? Il est connu que l’or est un élément essentiel pour bâtir une monnaie solide et convertible. Pourtant le Sénégal n’a pas de monnaie qui lui appartient. La question légitime alors est: qui tire profit de notre or à notre détriment? Il faudra purifier surplace notre or.
Il faudra aussi en faire la base de la création de notre monnaie, symbole de notre fierté nationale retrouvée. Ce sont à ces seules conditions que nous cesserons de ne tirer qu’à peine 10% de cette richesse stratégique qui a très peu de retombées sur les populations et le pays. Le défi majeur est donc de ramener notre or au Sénégal.